L'invité(e) du 7/9
Agnès Cossolini : « On ne pourrait pas accueillir des enfants en situation de handicap sans Jacques Chirac ! »
Podcast diffusé le 27/09/2019 à 11h00.
Pour rendre hommage à l'action de Jacques Chirac en matière de handicap, nous recevions ce matin Agnès Cossolini qui a été Chargé de mission auprès du Secrétaire général adjoint de La Présidence de La République et qui aujourd’hui est la Fondatrice et Déléguée générale de l’Association IKIGAÏ.
Nous étions ce midi avec Agnès Cossolini qui a été Chargé de mission auprès du Secrétaire général adjoint de La Présidence de La République. Agnès Cossolini est aujourd’hui Fondatrice et Déléguée générale de l’Association IKIGAÏ qui a pour ambition de promouvoir et d’accompagner la scolarisation des enfants ayants des troubles envahissants du développement dont l’autisme fait partie.
Pour Agnès Cossolini, Jacques Chirac avait un charisme hors norme, c’était un personnage qui vous embarquait avec lui avec souvent des formules qui marquent. Jacques Chirac était comme cela. Hors cadre. Il dira un jour à propos de son destin : « J’avais l’intention de faire une carrière de Lieutenant au long cours dans la marine marchande. »
« J’avais l’intention de faire une carrière de Lieutenant au long cours dans la marine marchande. »
Jacques Chirac, c’est d’abord un homme qui aimait profondément les autres. Qui aimait sincèrement la vie. Et qui se fichait souvent de déplaire dès l’instant où il menait ce cap qu’il se fixait au gré d’un vent tournant et tourbillonnant. Il a piloté le destin de notre pays. Mais c’est sans doute cette obsession de se chercher une ligne droite, quitte à en changer tous les quatre matins, qui fait que Jacques Chirac est devenu Chirac. Il nous a quitté hier à l’âge de 86 ans. Aujourd’hui, nous sommes quelque part tous les enfants de Jacques Chirac. Et à bien y regarder il nous a laissé un héritage qui en dit long sur ce besoin d’être attentif aux autres. Même s’il préférait rester pudique et ne jamais montrer la moindre défaillance, il était fragile, curieux, cultivé, fonceur et frondeur.
Depuis hier nous sommes orphelins. Chirac c’était un bon vivant aimant manger, boire de la bière et cultiver une différence comme sa passion pour les arts premiers qu’il nous a légué dans ce musée Quai Branly qui porte aujourd’hui son nom ou cette fascination pour le Sumo.
Et surtout un Chirac qui a fait beaucoup de choses pour la cause du handicap.
Valérie Giscard Destin a dit de lui le jour de sa nomination en tant que Premier Ministre : « Je le voulait compétent et il est pas mal ! ». Pas mal ? En fait Jacques Chirac n’en faisait qu’à sa tête. Jean-Louis Debré raconte à son sujet « qu’il tranchait de ses prédécesseurs en allant parfois à l’encontre de sa propre majorité. » Et sa Fille Claude Chirac de nous raconter qu’il a soutenu sa Ministre de la Santé Simone Veil pour la légalisation de l’avortement en allant jusqu’à aller physiquement à l’Assemblée en pleine nuit parce qu’il y avait tellement de déchaînements, de violences dans l’hémicycle contre elle. Et qu’elle avait besoin d’être physiquement soutenue. Et Jacques Chirac y est allé jusqu’à l’adoption définitive du texte ! »
C’était Chirac. Un Chirac qui a relancé les essais nucléaires. Un Chirac qui s’est clairement positionné contre la guerre en Irak. Un Chirac qui nous a fait admettre notre passé honteux. Et surtout un Chirac qui a fait beaucoup de choses pour la cause du handicap.
L’engagement dans la politique du handicap de Jacques Chirac a été marqué par « La loi d'orientation en faveur des personnes handicapées », présenté par Simone Veil et adoptée le 30 juin 1975. Ce texte définit clairement trois droits fondamentaux pour les personnes handicapées, enfants et adultes :
- le droit au travail ;
- le droit à une garantie minimum de ressource par le biais de prestations ;
- le droit à l’intégration scolaire et sociale.
Puis lors de son second passage à Matignon, de 1986 à 1988, Jacques Chirac a apposé sa signature au bas d’un autre texte fondateur : la loi du 10 juillet 1987 en faveur de l’emploi des personnes handicapées. Toutes les entreprises de 20 salariés ou plus, qu'elles soient publiques ou privées, ont depuis obligation d'employer (à temps plein ou à temps partiel) des travailleurs handicapés et autres bénéficiaires de l'obligation d'emploi dans la proportion de 6% de l'effectif total de salariés.
Dès 2002, Jacques Chirac a pensé que le temps était venu de proposer un autre texte plus solide que de la « pierre » en référence aux grands travaux de son prédécesseur, qui allait devenir, en février 2005, « la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. ».
C’est surtout ce texte du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées qui a fait bouger les lignes.
Que ces trois lois majeures aient été adoptées alors que Jacques Chirac occupait les plus hautes fonctions ne doit rien au hasard. L’homme politique a été personnellement confronté au handicap. Sa fille, Laurence, née en 1958 et décédée en avril 2016, souffrait, depuis ses 15 ans, d’anorexie mentale.
Jacques Chirac avait une tendresse toute particulière pour sa fille aînée. C'est sans doute en pensant à elle qu'il avait fait voter par sa majorité, lors de son second mandat de président, cette loi essentielle de 2005.
Si en 1957 la loi avait pour la première fois utilisé le terme de « travailleur handicapé », institué une priorité d’emploi (10 % en théorie) et défini le travail protégé, c’est bien la loi du 30 juin 1975, présentée par Simone Veil, ministre de la santé, qui est le texte de référence créant la politique publique sur le handicap. Mais c’est surtout ce texte du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées qui a fait bouger les lignes.
Agnès Cossolini Fondatrice et Déléguée générale de l’Association IKIGAÏ
Les toutes premières lignes de la loi rappellent les droits fondamentaux des personnes handicapées et donnent une définition du handicap : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. »
La loi apporte de nombreuses avancées sur les domaines suivants :
- accueil des personnes handicapées ;
- le droit à compensation ;
- les ressources ;
- la scolarité ;
- l'emploi ;
- l'accessibilité ;
- la citoyenneté et participation à la vie sociale.
En outre cette loi crée une Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) dans chaque département et installe la Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH) qui prend, au sein des MDPH, les décisions relatives à l'ensemble des droits de la personne.
Cette loi de 2005, adoptée de manière consensuelle à l’initiative de Jacques Chirac et qui posait des principes généraux et généreux notamment d’une scolarisation en milieu ordinaire s’est traduite par des progrès qualitatifs
La loi définit des obligations de mise aux normes d'accessibilité, notamment pour les établissements publics et a instauré deux nouveaux compléments à l'Allocation Adulte Handicapé (AAH) : le complément de ressources et la majoration pour la vie autonome. Rappelons enfin que cette loi de 2005, adoptée de manière consensuelle à l’initiative de Jacques Chirac et qui posait des principes généraux et généreux notamment d’une scolarisation en milieu ordinaire s’est traduite par des progrès qualitatifs. Et comme rappelé par Agnès Cossolini : « On ne pourrait pas accueillir des enfants en situation de handicap sans Jacques Chirac ! ».
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