Depuis 2012, l'Inserm étudie un groupe d'ampleur inédite, la cohorte Constances. Des volontaires fournissent des milliers d'informations que les chercheurs vont pouvoir croiser et suivre dans le temps.

Suivre l’équivalent de la population du département de la Nièvre pour alimenter 80 projets de recherche médicale, c’est le pari relevé par l’Inserm, l’Institut national pour la santé et la recherche médicale. En avril dernier, la cohorte Constances, le plus grand groupe de volontaires en France a atteint 200.000 personnes (à terme 210.000 Français vont être concernés). Le défi, c’est de recueillir les données issues de tout ce monde. Chaque volontaire répond à des questionnaires médicaux en début de suivi. Puis tous les trois à quatre ans, il se soumet à un examen médical complet. L’Inserm travaille avec la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse. Ce partenariat permet à l’institut de recherche de bénéficier d’une mine d’informations sur la situation sociale et professionnelle de la personne. Les chercheurs vont pouvoir étudier le régime alimentaire, l’activité physique et toutes sortes de données d’un volontaire et croiser cela avec le niveau de ses revenus, les arrêts maladies, les hospitalisations, les périodes de chômage… Le volontaire doit consentir à donner toutes ses informations et bonne nouvelle ils sont 97 % à l'accepter.

Vapoter, l'un des sujets étudiés

De nombreux domaines de la recherche médicale bénéficient directement du suivi de la cohorte Constances. Les chercheurs s’intéressent par exemple à l’impact de la cigarette électronique sur le tabagisme à long terme. L’objectif est de savoir si le vapotage diminue le tabagisme et s’il aide réellement à arrêter de fumer. Les volontaires ne sont suivis que depuis 2012, donc il faut patienter. En revanche, une étude nous apprend que vapoter est un acte motivé par la perception d’une santé menacée par le tabac : « Ce sont des fumeurs qui ne se sentent pas en très bonne santé, qui déclarent avoir des problèmes respiratoires », explique Marie Zins, directrice scientifique de la cohorte Constances. Grâce aux chiffres recueillis depuis 2012, on sait déjà que 40 % des vapoteurs ont arrêté de fumer (contre 25 % pour les fumeurs ordinaires). Mais avec une cigarette électronique la probabilité de refumer est plus importante.

Un autre exemple. On étudie l’usage de benzodiazépines, ce sont des médicaments anxiolytiques. Il n’est pas recommandé de les utiliser sur le long terme. Or on constate qu’une partie de la population (9 % des hommes et 12 % des femmes) les consomme de façon chronique. Nos chercheurs s’intéressent ici aux effets indésirables de ces produits. Le grand public peut suivre la cohorte Constances grâce au site Constances.fr.

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