Les bactéries se développent pour s’adapter aux antibiotiques. Ce phénomène pose la question de la surconsommation de ce type de médicaments. L’antibiorésistance est à l’origine de 12 500 décès par ans dans notre pays. Pour informer le public sur ce problème de santé, le groupe Pfizer a mis en place un Bactério Bus, qui a sillonné l'Europe. De passage à Paris à la mi-novembre, Yohann Bredow s’y est rendu pour échanger avec des spécialistes des bactéries.

Prendre un antibiotique n’est pas sans conséquences pour notre santé. « C’est une erreur. Un parce que ça ne sert à rien. Deux parce que l’antibiotique servira quand même à inciter les bactéries à devenir résistantes », explique Bruno Valtier, directeur médical à Pfizer. Une bactérie met 20 minutes à se multiplier pour pouvoir se propager ensuite dans l’organisme. En revanche il faut 10 ans pour mettre au point un antibiotique. Entre la multiplication des bactéries et le développement d’antibiotiques, le combat est donc inégal, surtout qu’un individu peut attraper une bactérie résistante si elle entre en contact rapproché avec une personne porteuse.

Des bactéries difficiles à combattre

La nourriture est l’un des vecteurs de transmission de bactéries devenues résistantes. Un touriste de retour d’Inde a ainsi 75 % de chances d’être contaminé. Dans ce genre de situations, il ne suffit plus de faire avaler une seule dose d’antibiotique au patient, il faudra avoir recours à la perfusion et parfois administrer deux antibiotiques. « C’est tout le problème de l’antibiorésistance Cela rend les traitements plus difficile, plus compliqués et avec des risques d’échecs », prévient Pierre Tattevin, président de la société de pathologie infectieuse de Rennes et professeur au CHU de Rennes. Plusieurs pistes sont à l’étude pour se passer des antibiotiques. La solution la plus prometteuse consisterait à utiliser des virus capables de s’attaquer aux bactéries que l’on souhaite éliminer. Mais injecter un virus, c'est-à-dire un organisme vivant à un patient présente des risques. Les conditions de sécurité ne sont pas encore remplies pour que cette méthode soit mise sur le marché à court terme.

Une seule solution, sensibiliser

En attendant, certains laboratoires continuent à développer de nouveaux antibiotiques. Mais ces produits ne sont pas rentables car les patients les consommateurs ne les utilisent que durant quelques jours et il s’agit essentiellement d’une solution de réserve, pour sauver des vies. Les spécialistes réclament surtout de grandes campagnes destinées à sensibiliser aux risques liés aux antibiotiques, à l’image de « Les antibiotiques, c’est pas automatique » dans les années 2000.

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