Yannis Vardakastanis, président de la Confédération grecque des personnes handicapées. Interview exclusive VIVRE FM. (English version available below.)

 Yannis Vardakastanis lors d'une manifestation à Athènes en 2012

Vivre FM :

Yannis Vardakastanis, vous êtes le président de la confédération grecque des personnes handicapées. On entend beaucoup parler de la crise grecque. Comment cette crise impacte-t-elle les personnes handicapées en Grèce ?


Yannis Vardakastanis :

En période de crise,  tous les citoyens sauf ceux qui appartiennent aux classes sociales les plus élevées sont affectés. Maintenant, quand on parle des personnes handicapées on parle de personnes qui en temps ordinaire font face à l’exclusion, la discrimination et la pauvreté, même en période de stabilité et de prospérité.


"Une crise des droits de l'homme"


Donc, il apparaît, c’est même une évidence malheureusement, que pendant une période de crise les personnes handicapées et pas seulement ici en Grèce, mais partout dans le monde sont les premières à faire face aux conséquences de la crise. La crise économique et financière devient très rapidement une crise sociale, une crise des droits de l’homme et une crise humanitaire pour les groupes les plus vulnérables de la société.

Dans notre pays, malgré les efforts, malgré la lutte des associations grecques de personnes handicapées et en dépit de certains progrès  dans quelques domaines, au final, les personnes avec un handicap et leurs familles, les personnes avec des maladies chroniques, peuvent être très sévèrement touchées.


Vivre FM

On aurait pu croire que les personnes handicapées sont davantage protégées que les autres par la loi en raison de leurs besoins particuliers ?


YV

Oui, mais en période de crise, les lois sont insuffisantes. La loi, la protection légale existe mais il faut avoir les moyens de la mettre en œuvre. Je vais vous donner deux exemples. L’un positif, l’autre négatif. Le premier exemple concerne les allocations pour les personnes handicapées. Nous avons réussi jusqu’ici à éviter les réductions de budget dans les allocations pour les personnes handicapées en Grèce, même pendant la crise. Aucune coupe budgétaire. C’est un point positif. Nous avons pu maintenir les financements dans ce domaine.  

Autre exemple, négatif celui-là, dans le domaine de l’éducation. Le tout premier secteur qui a été sévèrement et je dirais même structurellement touché, c’est celui de l’éducation des personnes avec un handicap, à la fois celles qui sont en milieu ordinaire, incluses dans le système de l’éducation traditionnelle, et celles qui sont dans les écoles spécialisées. L’Etat a été incapable d'employer le nombre d’enseignants et de professionnels qui sont nécessaire au système.


Vivre FM

Donc il manque des enseignants actuellement ? Combien en manque-t-il?? Est-ce vous avez une idée d’ensemble du problème ?


YV

Je peux vous dire qu’au moment où nous parlons, le 5 octobre, il y a énormément d’écoles qui n’ont pas pu ouvrir. Pas du tout pour certaines. Des remplaçants aussi bien pour les enseignants que pour les personnels spécialisés sont en train d'être recrutées. Car dans certains endroits, comme la région de l’Attique (Athènes) et dans trois ou quatre autres régions, il manque parfois jusqu’à 60% du personnel.

 Cette rentrée est la pire au cœur de la crise, mais aussi la pire des rentrées scolaires que nous ayons connue.


Vivre FM

Le précédent ministre de la santé et actuel ministre de l’intérieur est lui-même en situation de handicap. Est-ce que cette personne vous aide du fait qu’elle connaît la problématique du handicap? Est-ce une force pour votre organisation d’avoir un ministre qui soit lui-même non-voyant ?


YV

Avant tout, je dois préciser que Panagiotis Kouroumblis dont vous parlez était le président de la confédération des personnes handicapées avant moi. Il connaît donc bien le sujet. Il vient du cœur même du mouvement pour la cause du handicap et bien sûr, il a été engagé en politique ces 22 dernières années, donc on peut dire qu’il n’est plus vraiment un membre actif de ce mouvement parce qu’il était très engagé en politique.


"Avoir un ministre non-voyant est une bonne chose pour la société tout entière"


Il a déclaré qu’il pouvait faire quelque chose au sein de son gouvernement. Aujourd’hui il est ministre, demain il peut ne plus l’être. Nous lui souhaitons de rester tant que son parti est au pouvoir. Avoir un ministre non-voyant est une bonne chose à la fois pour le mouvement pour le handicap en Grèce et pour la société toute entière. Mais notre principale force réside dans la façon dont le mouvement a été organisé et a développé ses campagnes pendant toutes ces années.


Vivre FM:

Cela signifie donc que les politiciens et le gouvernement n'ont pas tellement de pouvoir, voire pas de pouvoir du tout pour faire en sorte que les choses changent pour les Grecs, à cause de décisions prise à l'extérieur de la Grèce?


YV

Au contraire, nous croyons que les politiciens, en particulier ceux qui sont au pouvoir, au gouvernement et ceux qui y étaient par le passé, ont une grande responsabilité, une obligation, un devoir de protéger ceux qui, au sein de la société, sont davantage touchés par la crise.


Vivre FM

Mais ils n'ont pas d'argent, ils sont poings et pieds liés par la Troïka...


YV

Non, ils ont de l'argent. Pas autant qu'ils en voudraient mais ils en ont. Ils devraient trouver les moyens de protéger les groupes les plus vulnérables, les gens en situation de handicap, les personnes âgées, etc. Ils ont l'obligation, le devoir de le faire. Et selon nous ils peuvent le faire.

C'est une question de volonté politique, une question de priorité et d'organisation. Je ne crois pas que la Troïka puisse voir ce qui se passe et demander des coupes dans le budget dédié aux personnes en situation de handicap. L'autre jour, un ministre m'a informé de manière très directe que les personnes handicapées n'étaient pas concernées par la discussion sur les coupes à effectuer dans le budget des prestations sociales.


VIVRE FM

Mais en fait elles sont impactées quand même...


YV

On verra, on verra. Je parle de la question spécifique des allocations handicap parce que, comme je vous l'ai dit plus tôt, jusqu'à maintenant ces allocations n'ont pas été imposables. Donc nous verrons, octobre nous dira ce qu'il en est. Ce qui est important pour nous, c'est que les hommes politiques comprennent qu'en période de crise, bien sûr ils doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour faire sortir le pays de la crise,  nous sommes tout à fait conscients de ce qui arrive à notre pays, et quand nous demandons la protection du gouvernement c'est en corrélation avec ce qui se passe dans le pays. Nous ne sommes pas dans une démarche radicale, mais le gouvernement a l'obligation de protéger les groupes vulnérables, sans quoi, même si le pays parvient à sortir de la crise, les plus vulnérables parmi les Grecs et dans d'autres sociétés ne s'en sortiront pas avant des années. Même si le pays est un jour hors de la crise statistiquement parlant, les gens les plus vulnérables, les plus pauvres, y seront encore bien des années après.


VIVRE FM

Mr. Vardakastanis, en France nous entendons aussi parler de la corruption qui a cours en Grèce. Est-ce que le problème de la corruption touche aussi les personnes handicapées ou les politiques qui les concernent? Je vous donne un exemple: en France on a entendu parler d'une île qui s'appelle Zakynthos où les habitants avaient prétendu être non-voyants pour toucher les allocations. Est-ce que vous confirmez cette information et est-ce que ce genre de choses arrivent encore?


YV

Cette information est exacte mais la question est de savoir qui a fait ça. Parce qu'il y avait des citoyens, le médecin, des fonctionnaires d'Etat et le chef du district. Donc les citoyens n'ont pas fait ça tout seuls : ils ont reçu leurs certificats du  médecin. Ensuite, c'est un fonctionnaire qui prépare la décision et le chef de district qui la signe.

VIVRE FM

Pourrait-on dire qu'une des conséquences positives de la crise, c'est que ces fraudes ont cessé?


YV

Cela a cessé en effet, je peux le confirmer. Cela n'existe plus, mais ce n'est pas un phénomène qui est apparu pendant la crise.

VIVRE FM

Cela avait eu lieu avant le début de la crise mais c'est la crise qui l'a fait stopper?


YV

Non, non. Ecoutez : je suis originaire de cette île donc je connais bien le dossier. C'est mon île natale. Ce problème est apparu il y a des années parce qu'on regardait les chiffres et on voyait une très grande augmentation chaque année. En comparaison avec les autres districts, l'augmentation était énorme donc on a vérifié les chiffres en 2003, 2006, et ainsi de suite. Et il n'y avait aucune implication. En 2010 on a encore vérifié et le maire de cette époque a décidé d'en finir avec ces pratiques et tout est devenu public.


"Un alibi pour diminuer le budget alloué aux personnes handicapées"


Le dossier est classé à présent mais il y a encore un risque. Cette situation peut se retrouver dans n'importe quel pays. Dans certains pays on parle de fausses attestations d'invalidité, même dans des pays d'Europe très développés. Mais nous devons faire très attention de ne pas utiliser ça comme un alibi et la société ne devrait pas accepter qu'on s'en serve comme d'un alibi pour diminuer le budget alloué à la protection des personnes handicapées. Notre position a été très forte toutes ces années,  et nous avons dit que si les médecins ne respectent pas le serment d'Hippocrate qu'ils prononcent à la fin de leurs études, et si les hommes politiques, à tous niveaux, ne respectent pas les vœux faits lors de leur prise de fonction, nous nous opposons à eux du début à la fin. Et nous avons également demandé à connaître toute l'histoire afin d'assurer la transparence, le contrôle des mesures sociales et la responsabilité.

C'est très clair et ça a toujours été notre position. Très peu de gens en parlent en Grèce mais nous avons mis en place un système de recensement très strict. Personne n'en parle mais nous étions à l'origine du nouveau système d'évaluation du handicap qui a concerné plus de 700 000 personnes depuis 2010. Et je peux vous dire que parmi ces personnes 70 ou 75% ont reçu un certificat attestant d'un handicap sévère ou très sévère. Et pourtant le système est très strict.


VIVRE FM

Mr. Vardakastanis, quel est votre sentiment à présent en ce mois d'octobre 2015? Est-ce que vous êtes optimiste, comment envisagez-vous les choses face à cette crise? Vous sentez-vous abandonné par l'Etat?


YV

Je suis optimiste en ce qui concerne les Grecs en situation de handicap, touchés par des maladies chroniques et leurs familles car ils vont continuer de se battre.


VIVRE FM

Des manifestations sont-elles prévues?


YV

Je vais vous le dire. Mais avant tout je suis confiant dans le fait que ces personnes vont continuer de se battre pour leur droits et leur capacité à assumer leurs obligations et leurs engagements personnels, sociaux et familiaux. Pour ça je suis optimiste parce que c'est quelque chose à propos de quoi on peut prendre des décisions.

Pour ce qui est de résoudre la crise, je pense que le pays en sortira. Cela s'est déjà vu au cours de l'histoire, ça a été le cas dans d'autres occasions. Maintenant la question est de savoir dans quel état la société grecque et les Grecs en situation de handicap seront quand le pays sortira de la crise. C'est pourquoi nous allons continuer non seulement à manifester et à protester, mais aussi à faire tout le nécessaire pour protéger ce groupe de la population car nous avons reçu un mandat pour les protéger. C'est ce que nous avons fait jusqu'à présent. Le mouvement est très uni. J'étais en Crête la semaine dernière, durant le week-end j'étais dans le nord de la Grèce et je peux vous dire que le mouvement est très uni et très déterminé.


VIVRE FM

Avez-vous un message pour les personnes en situation de handicap en Europe et/ou pour les Européens en général? Que voudriez-vous dire aux Européens en tant que représentant des personnes handicapées en Grèce?


YV

Avant tout, j'aimerais remercier nos collègues et amis dans votre pays, la France, pour leur fort engagement et leur travail continu au sein du mouvement européen dédié au handicap à travers le Forum européen des personnes handicapées. J'y prends part moi-même depuis 1997 et j'ai observé, senti, parlé de nombreuses fois de cela. Dans le passé j'ai eu la chance de participer à une très grande manifestation à Paris, il y a quelques années, vous vous en souvenez peut-être, de la place de la République jusqu'à Opéra. J'étais là, j'ai marché dans les rues et les avenues de Paris avec mes collègues et des milliers de gens. Et avant j'étais aussi à une très grosse manifestation à Montpellier au début de la décennie précédente.


"Les valeurs de l'Union Européenne sont en danger"


Maintenant pour ce qui est du message, je voudrais dire que mes collègues en situation de handicap dans tous les Etats européens ne devraient pas faire l'erreur de penser que la crise est nationale. La crise est européenne et internationale et elle concerne tous les citoyens. Pas seulement au plan financier, économique ou social, mais aussi au plan des droits humains. Elles a eu de graves conséquences humanitaires pour tous les citoyens dans tous les pays. Dès lors, nous avons besoin qu'un mouvement fort pour le handicap émerge et demande aux institutions européennes (la commission, le Parlement, toutes les autres institutions et le gouvernement de l'UE) de délivrer non pas des mots mais des actes, parce que le fossé entre les mots et les actes se creuse en Europe et c'est très dangereux. C'est une situation très dangereuse pour l'avenir des Européens et de la construction de l'Union Européenne. Les valeurs sur lesquelles s'est construite l'Union Européenne sont en danger. La crise ébranle les fondations de l'Union Européenne.

 Yannis Vardakastanis avec Vincent Lochmann (VIVRE FM) à Athènes le 5 octobre 2015.

English version:


VIVRE FM

We heard a lot about this crisis in Greece, how did this crisis impact people with disability in your country?


Yannis Vardakastanis :

In a period of crisis, all citizens, except those who belong to the very high classes are affected. Now, when you speak about persons with disabilities; we speak about persons that, usually, are faced with exclusion, discrimination and poverty, even at times of stability and prosperity. 


"A human rights crisis"


So it becomes very apparent,  very obvious, unfortunately, that during a period of crisis persons with disabilities, not only here in Greece but everywhere in the world, are the first to face the worst "replicasus" of the crisis. The economical crisis, the financial crisis becomes very  easily and very quickly a social crisis, a human rights crisis, and a humanitarian crisis for this vulnerable groups in society.

In our country, despite the efforts, the fights, struggles of the Greek disability movement, and despite some success so to say in protecting some areas, all in all, persons with disabilities and their families, persons with chronic diseases can be very severely affected. 


VIVRE FM

One could think they could have been protected by law because of their special needs, are they, or not at all?


Yannis Vardakastanis :

Yes but in period of crisis, laws are not enough. The law, the legal protection is there but you need to have the means to implement the laws. So, for example, I give you one example that is positive and another example that is negative. The first example is about the disability allowances. We have been really successful so far to avoid any cuts in the disability allowances in Greece, even during the crisis, no cuts at all. So that's the positive development: we were able to keep the funding in that area.

Now let's turn to the education, in education, because of the financial crisis, because of the cuts in the budget, of the department of education, of the ministry of education, the first, the very first sector of education that has been very severely, I will say very structurally affected, is the education of persons with disabilities, both those who are in general education, I mean included in the general education system, and those that are (in) the special school. This is because of the inability of the State to employ the necessary number of teachers and other support staff that are necessary to the system.


VIVRE FM

So you're missing some teachers now? How much would you say? Do you have any idea about this?


Yannis Vardakastanis :

I can tell you that this time that we speak, Monday October the 5th, there are many schools that are not open, even at all, so… we are missing big numbers. They are appointing during these weeks substitute teachers and substitute support personal in the schools. In some regions, like the region of Attica and three or four  others, we are more than 60% down. This fall, this September, this beginning of the school year is the worst, well, the worst in the crisis and the worst that we are aware of.


VIVRE FM

Mr. Yannis Vardakastanis, the former health minister now interior minister in Greece is a person with disability: does this person, because he knows issues of disabilities does he help you, is a strength for your organisation to have a minister himself blind person?


Yannis Vardakastanis :

First of all I need to say that the minister, Mr. Kouroumblis you are referring to was the president of the organisation before me.


VIVRE FM

So he knows about disabilities?

Yannis Vardakastanis :


He knows, he comes from the very heart of the disability movement. Of course he has been in politics the last 22 years so he's not a very active member let's say in the disability movement, since he is a very active politician.


"it's great for the society to have a blind minister"


He has been speaking; well he feels and believes he can do something in the government. But for us if Mr. Kouroumblis is today a minister, tomorrow he may not be. We wish him to be there as long as his party is in power. It's great for the disability movement in Greece, for the society to have a blind minister but the strength of our presence in the Greek society is our movement, the way the Greek  disability movement has been organised. It has developed its campaigns all these years. This is its strength.


VIVRE FM

So that means that politicians and government do not have that much power or maybe no power now to make the change, to make things change for Greek people because of this memorandum, because of the decisions taken outside of Greece?


Yannis Vardakastanis :

To the contrary, we believe that  the politicians, especially those who are in power, in government and those who were in the government in the past, that's applicable to all, politicians have a great responsibility, a great obligation, duty to protect those that are hit more in society by the crisis.


VIVRE FM

But they have no money, they are linked with the Troika…


Yannis Vardakastanis :

Well, no, no… They have money. They don't have as much as they would have liked to have. They have. They should find the measures that would, that will protect the vulnerable groups, persons with disabilities, older people etc. They have an obligation to do it, they have a duty, and in our view they can do it. It's a matter of political will, it's a matter of priority, it's a matter of planning. I do not believe that the Troika can see and say : "cut" to person with disabilities. I was informed the other day by a minister that when they were discussing cuts in the social welfare benefits, I was told in a very straightforward way that persons with disabilities were not included.


VIVRE FM

But in fact they are.


Yannis Vardakastanis :

We'll see, we'll see... I speak on this specific issue, on the benefits, on disability allowances, because I told you earlier that so far the disability allowances have not been taxed. So we're going to see. October will tell us if it is that way or the other way. What is important is for us that the politicians understand, all politicians, not only those in government, not those in a position to the government, they understand that at times of crisis they need to take of course all measures to take the country out of the crisis. We are very aware of what happens in our country and what we demand, to have its protection, is in correlation with what happens in the country, we're not maximalist. So they have the obligation to protect the vulnerable groups in society. Otherwise, even if the country is able to go out of the crisis, the vulnerable groups of Greek society, of any society will not be out of the crisis for many years; even if the country, statistically wise is out of the crisis, the vulnerable groups, the poor people will not be out of the crisis for many years after.


VIVRE FM

Mr. Vardakastanis, we also heard in France about corruption in Greece, about fraudsters and some dishonest people. Does this corruption problem impact people with disabilities? Or policies about disabilities? I will give you an example: we heard in France about an island called, I don't know, Zakynthos, where 200 people were supposed to be blind and in fact they were not, so does this... Do you confirm this information and does this still exist now?


Yannis Vardakastanis :

The information is correct. But the question is who did that? Because you had the citizens, the doctor, the civil servants, and the head of the district. So the citizens were not by themselves doing that, they were given the certificates by the doctor of the local ...? Then the citizens went to the local servants; the civil servant prepare the decision and the head of the district signs the decision.

 

VIVRE FM

And could it be a good issue of this crisis that this way of doing will stop or has stopped ?


Yannis Vardakastanis :

It stopped. This I can confirm: it stopped. It's not there anymore. But that was not something that happened during the crisis.


VIVRE FM

Yes it was before but the crisis made it stop; no?


Yannis Vardakastanis :

No, no. Listen: I come from that island, this is my home island. So I know the situation like my home. We raised this issue many years back, because we were looking at the numbers and we were seeing very big increase of the numbers every year. In comparison to other districts, the increase was far later, so we did that in 2003, 2006, etc, etc. So there was not any involvement, and in 2010 we did it again and the mayor in that period decided to close this issue and everything went public. So it's close now, but there is a danger here. There is a danger. This situation may appear in any country. I've heard in other countries that they speak of false disability assessments, let's put it that way...


"An alibi to make cuts in disability protection measures"


In other countries, even in very developed countries in Europe. But we should be very careful not to use this as an alibi and society should not accept it as an alibi to make cuts in disability protection measures. We have taken a very strong position, all these years, and we have said that if the doctors do not respect the owes of Hippocrates, that they give when they get their licence to become doctors, and if the politicians, in all levels, have not respected the owe they give when they take office, we are against them from the beginning to the end. And as well asked for the whole history to have transparency, accountability, social control measures: everything in light. That has been our position. And because of this, today, very few people in Greece speak about this, there has been a very strong system of registering. Nobody speaks about this now. We were behind the new disability assessment system in 2010 that more than seven hundred thousand people have passed. So this system, these four years, and I can tell you that 70%, 75% out of that number have received certificates of severe of very severe disability. And the system is very tough.


VIVRE FM

Ok. Mr. Vardakastanis what is your feeling now? Are you optimistic, are you, I mean in front of this crisis how do you feel? Abandoned by the State? How do you feel now, October 2015?


Yannis Vardakastanis :

I'm optimistic that the Greeks with disabilities, chronic diseases and their families will continue standing up and fight..


VIVRE FM

Are you going to demonstrate?


Yannis Vardakastanis :

I'll tell you. Standing up and fight for their rights and for their capacity and ability to meet their personal, social and family obligations and engagements. So for that I'm optimistic because this is something that we take decisions on. For solving the crisis, I think that the country will be out of the crisis; this is historically the case, this has been in old situations the case. Now the question is: how the Greek society and the Greeks with disabilities etc. will be when the country will be out of the crisis. That's why we're going to continue not only demonstrating, not only protesting but doing all that is necessary to protect our group, that we have given the mandate to protect them. This is what we have been doing. The movement is very united. I was in Crete last week; over the weekend I was in the North of Greece and I tell you the movement is very united and very determined.


Vivre FM

Do you have a message for the people with disabilities in Europe and/or for the European people? What do you, what would you say to Europe as a representative of the persons with disabilities in Greece?


Yannis Vardakastanis :

First of all I would like to thank and to acknowledge our colleagues and friends in your country, in France, for their strong commitment and for the continuous work in the European disability movement through the European Disability Forum. I have been there since 97 and I have observed this, I have felt this and I have many times discussed, spoken about this. I had the opportunity in the past to take part in a very big demonstration in Paris, a few years back, you remember, from la place de la République to the Opera, I was there, I went through the streets and the avenues of Paris with my colleagues there, with thousands of people. Also before, I was at a very big demonstration in Montpelier, at the beginning of the previous decade.


" the values on which the European union has been constructed are in danger"


Now the message, the message is that my colleagues with disabilities in all member stated of the European union should not make the mistake that the crisis is national. The crisis is European and international and the crisis is on all citizens. Not only financially, economically, socially etc. but also how our human rights are respected. It had very strong humanitarian consequences for all citizens in all countries so what we need is a very radical disability movement that stands up and asks the European institutions (the commission, the Parliament, the Consulate, all the other institutions and the EU government) to deliver not words to deliver deeds because the gap between words and deeds becomes wider in Europe and that's very dangerous. It's a very dangerous situation for the future of the construction of the European union, of the EU project. The values on which the European union has been constructed are in danger. The crisis undermines the foundations of the EU.