L’abeille (Apis mellifica) vit en société. Une société est un ensemble d’individus de la même espèce, organisés pour survivre en coopération. Les individus qui constituent une société doivent pouvoir : communiquer entre eux  ; surmonter leur agressivité ; et disposer - dans le cas notamment de l’abeille - d’une mémoire leur permettant, par exemple, de se souvenir du rang social qu’ils occupent. Au micro de Bruno Soriano, Alain Sandmeyer, nous initie aux règles de vie des abeilles.

La ruche est donc une société organisée, symbole du travail. Elle n’est donc point un simple rassemblement d’individus qui, en tant que tels, se comportent comme s’ils vivaient isolés. Des corrélations physiologiques, surtout sensorielles, existent entre les membres d’une même société. Lorsque les insectes sociaux accomplissent une tâche collective, ils coordonnent leurs actes de telle sorte que l’œuvre réalisée est cohérente et se répète identiquement dans toutes les sociétés appartenant à la même espèce. ¨ L’acte de l’un d’eux déclenche une réponse adaptée d’un autre individu et ainsi de suite…"

La cohésion profonde des insectes de la ruche ne passe pas du tout, comme chez les mammifères, par la sexualité ou la reproduction, puisque l’énorme majorité des individus de la société est stérile. Curieusement, c’est la nourriture qui va créer entre les membres de la communauté des relations extraordinairement étroites, et rendre chaque individu dépendant de ses congénères. Une abeille isolée, sexuée ou ouvrière, est condamnée à mourir en quelques heures, même bien nourrie.

L’abeille prise isolement est encore un individu ; elle est capable d’agir et de travailler en solitaire tout en supportant le poids social. Seule, elle se gorge de nectar, se charge de pollen, sait retrouver sa route et enseigner à ses congénères ses trouvailles.