Il y a quinze ans, Dominique, une habitante de Boulogne-Billancourt de 52 ans, a été touchée par une rectocolite hémorragique, une maladie qui entraîne une inflammation de l'intestin. Après quelques années, sa maladie s'aggrave, et elle doit se faire enlever le colon, ce dernier étant remplacé par une poche de substitution. Mais une fois l'opération passée, la situation de Dominique est loin de s'améliorer, "je me suis retrouvée avec une poche qui n'était absolument pas adaptée à mon cas", raconte-t-elle. "Ce qui fait que lorsque je suis sortie de l'hôpital, je me suis retrouvée avec énormément de soucis. Il s'est avéré que c'était une catastrophe, que l'hôpital n'a pas su gérer mon cas".

Pour lui permettre de se remettre de ces complications post opératoire, Dominique se voit proposer de suivre un traitement médical à domicile organisé par un prestataire privé. "Je suis alors rentrée en contact avec un commercial de la société Bastide (agence de soins à domicile, ndlr) qui m'a dit qu'ils avaient une stomathérapeute professionnelle qui pourrait me voir pour essayer de palier à l'absence de ce que peut proposer les hôpitaux. En une fois,  elle m'a résolue les problèmes que j'avais depuis trois semaines, c'est à dire des brulures au deuxième degré", affirme-t-elle avec une certaine satisfaction.  "Franchement, pour avoir fait pratiquement tous les hôpitaux de Paris, je peux vous dire que l'hospitalisation à domicile, c'est quand même ce qu'il y a de mieux en France, parce que vous n'êtes jamais seule, il y a toujours quelqu'un pour répondre à vos besoins".

Dans le cas de Dominique, comme pour d'autres, l'infirmière spécialisée ne dispose pourtant pas du droit de pratiquer directement les soins sur le patient. Elle doit s'organiser autrement, "mon rôle est avant tout du conseil sur les soins", explique ainsi Sabrina Jisseau, infirmière spécialisée en stomathérapie, "un patient est parfaitement capable de se prendre en charge lui même". Pouvoir pratiquer les soins soi-même, sous bonne direction, est justement quelque chose que les patients recherchent, afin de ne pas se sentir dépossédé de leur propre santé. Il est d'autant plus facile de le faire que la plupart des produits médicaux se trouvent librement dans des magasins d'agences, et qu'ils sont presque toujours remboursés par la sécurité sociale. Ce système semble porter ses fruits, puisque 95% des patients concernés déclarent ainsi mieux comprendre leur traitement depuis qu'ils suivent des soins à domicile.

Mais bien que le secteur soit aujourd'hui en plein développement, les prestataires de santé à domicile restent confrontés à certains obstacles administratifs. "Nous sommes aujourd'hui confrontés à une difficulté", explique ainsi Arnaud Fayol, directeur général adjoint du groupe Bastide et membre de la fédération des prestataires de santé à domicile." A savoir que, dans un discours, le ministre nous annonce une volonté très claire de souhaiter, à la fois pour les patients et les professionnels de santé, d'avoir un retour vers le domicile, qui coûte moins cher. Mais dans le même discours, nous avons aussi des baisses de tarifs qui sont liées à l'augmentation des volumes, et à un budget constant. Mais nous essayons, au niveau de la fédération des PSAD, d'avoir justement des tarifs qui soient adaptés aux prestations que l'on peut délivrer, et de faire que l'assurance maladie paie le juste prix pour une prestation qui permet aux patients de bénéficier de soins à domicile".

A l'heure actuelle, ils sont plus de 2 millions en France à suivre un parcours de soin à domicile, et ils pourraient être encore plus nombreux dans les années à venir. Le système étant accessible à tous les citoyens, quel que soit l'endroit où ils vivent, et quel que soit leur situation financière.

ÉCOUTEZ NOS AUTRES REPORTAGES 

Immersion au coeur des laboratoires AFM-Téléthon : où en est la recherche?

Assemblée nationale : des jeunes de quartiers populaires découvrent des métiers de prestiges

Un bactério bus a sillonné l'Europe, pour alerter sur la surconsommation d'antibiotiques