Rio violence

Le Brésilien Jovane Guissone en fauteuil roulant à cause des armes à feu est aux Paralympiques

Jovane Guidone a été victime d'une agression à Porto Alegre (Photo Vivre FM VL)
Jovane Guidone a été victime d'une agression à Porto Alegre (Photo Vivre FM VL)
Jovane Guissone est originaire du sud du Brésil. En 2004, alors qu’il tente de s’interposer lors d’un vol à Porto Alegre, il reçoit une balle qui lui traverse la colonne vertébrale. Comme lui, douze athlètes de la délégation brésilienne sont des victimes des armes à feu.

Jovane Guissone, issu d'une famille d'agriculteur du sud du Brésil a 21 ans lorsqu'il est victime d'une attaque à main armée. Il tente de s'interposer lors d'un vol dans un magasin de Porto Alegre (sud du Brésil) en 2004. Les voleurs n'hésitent pas tirer sur lui et son ami. Cette "balle perdue" va le priver de ses jambes. Après une période de dépression, il va utiliser le sport pour se reconstruire. Il pratiquera d'abord le basket en fauteuil roulant et puis ce sera l'escrime et ce mardi 13 septembre, il est au Parc Olympique de Rio pour tenter de décrocher une médaille à l'épée.

12 membres de la délégation brésilienne aux Paralympiques sont des victimes des armes à feu.

Au sein de l'équipe paralympique brésilienne, Jovane Guissone, n’est pas le seul dans son cas : 12 joueurs sont en situation de handicap à cause d’une agression avec des armes à feu. Si le handicap est moteur pour Jovane, il est visuel pour le judoka de Sao Paulo, Harley Arruda qui a perdu la vue à cause d'un accident par arme à feu en 1999.  L'équipe nationale aux paralympiques reflète une réalité du Brésil d’aujourd’hui: selon les derniers chiffres, ceux de l’Unesco en 2015, 116 personnes meurent chaque jour sous les coups des armes à feu au brésil. Voir cette étude (en portugais) 

"A 16 ans, elle se refuse à un caid de la favella, elle finit en fauteuil roulant"

Les établissements pour personnes handicapées connaissent bien cette triste situation. Ainsi à Niteroi, de l’autre coté de la baie de Rio, Vivre FM a rencontré le Directeur de l’association ANDEF.  Joao Batista Carcailho da Silva nous a raconté l’histoire d’une jeune femme qu’il accompagne aujourdhui dans son établissement : "Ici j’ai un cas d’une jeune fille qui a 16 ans qui est très belle. Elle est allé à un "bailé funk" (soirée funk dans les favelas NDLR). Et là, au bailé funk, un trafiquant de la zone, est allé la voir lui a dit "je veux rester avec toi". La jeune fille ne s'est pas laissée faire : « Tu te vois pas , tu es vieux » lui a-t-elle répondu. Il a alors sorti son pistolet et il lui a tiré dessus trois fois. Une balle l'a touché à la colonne. Elle est en fauteuil roulant, chez nous maintenant."

Plus de victimes par les armes à feux que par les accidents de la route

Les établissements de jeunes handicapés accompagnent au Brésil de nombreuses victimes de cette violence par arme à feu. Ainsi l’association brésilienne d’aide aux enfants handicapés (l'Aacd) affirme que 7000 personnes deviennent para ou tetraplégique chaque année dans le pays. Parmi elles plus de 30% le sont à cause de violence par arme à feu. C’est davantage que les accidents de la route précise l'association.

Notre champion brésilien d’escrime fait donc partie de ces victimes de la violence quotidienne par arme à feu, véritable fléau au Brésil. Aujourd'hui, il déclare dans les médias brésiliens: « Cet épisode m'a apporté une autre vie. C'est étonnant, mais j'ai une vie plus active maintenant. " explique ce sportif imprégné de l'esprit paralympique.