Rio fin de vie

L'athlète paralympique belge Marieke Vervoort annonce qu'elle aura recours à l'euthanasie

Lors d'une conférence de presse à Rio, Marieke Vervoort a expliqué qu'elle aurait recours à l'euthanasie si sa maladie continue de la faire souffrir (Photo Vivre FM VL)
Lors d'une conférence de presse à Rio, Marieke Vervoort a expliqué qu'elle aurait recours à l'euthanasie si sa maladie continue de la faire souffrir (Photo Vivre FM VL)
Atteinte d'une maladie évolutive qui la fait énormément souffrir, la belge Marieke Vervoort explique qu'elle a pris ses dispositions pour avoir recours à l'euthanasie. Elle indique qu'elle considère l'euthanasie comme un soulagement qui l'aide à vivre aujourd'hui. Marieke avait remporté samedi 10 la médaille d'argent en 400 mètres en fauteuil.

Elle a tenu à préciser elle-même les raisons et les modalités de ce qu'elle a prévu pour avoir recours à l'euthanasie. Expliquant qu'elle vivait actuellement ses derniers jeux paralympiques, Marieke Vervoort considère que c'est ainsi qu'on peut vivre dignement la fin de vie.

Interview

"Premièrement je pense qu’il y a un malentendu a propos de ce qu’a dit la presse belge qui a raconté que j’aurai recours à l’euthanasie après les jeux. Oui ce sont mes derniers paralympiques. Oui, j’ai rempli mon dossier de demande d’euthanasie en 2008 parce que c’est très difficile de vivre et de supporter la douleur de cette maladie. Mais je ne vais pas avoir recours à l'euthanasie tout de suite.

"Je sais que mon dossier est prêt."

Ces papiers me donnent un sentiment de repos, je peux vivre avec de bons feelings aujourd'hui, parce que, quoi qu’il arrive, j’ai mes papiers en main. Mais je suis toujours en train d’apprécier chaque instant de ma vie.  Quand le moment viendra, que j’aurai davantage de mauvais jours que de bon jours, je sais que j’ai mes papiers avec moi pour l'euthanasie, mais ce temps n’est pas venu.

Je suis très heureuse d’être ici à Rio parce que ce n’était pas sur du tout certain et je profite de chaque moment ici. C’est ma décision d’arrêter le sport de haut niveau, non pas parce que je n’aime pas le sport mais parce que c’est trop difficile pour mon corps parce que chaque entrainement est plein de douleur et si j'ai des bons résultats aujourd'hui, c'est parce que la compétition est un médicament pour moi : je sors toute la peur, toute ma colère chaque fois que je m’entraine. Après les jeux paralympiques, je vais apprécier chaque petit moment de ma vie : ma famille, mes amis. J'ai la chance d’avoir beaucoup d’amis, pas seulement dans les bons jours mais aussi dans les plus mauvais jours. 

L'euthanasie ne doit plus être synonyme de meurtre

Je souhaite que l’euthanasie ne soit plus, dans aucun pays, synonyme de meurtre, mais d'apaisement pour les gens. Si je n’avais pas ces papiers avec moi, je me serais déjà suicidé parce que c’est trop difficile de vivre avec cette maladie et avec cette souffrance.

Comment on obtient le droit à l’euthanasie en Belgique ?

Ce n’est pas quelque chose de facile à obtenir. Il faut que trois médecins constatent que la maladie progresse, que vous souffrez, que nous ne pouvez plus vivre avec, qu’il n’y a pas de chance que les choses s’améliorent. Il faut trois signatures différentes de trois médecins différents. Nous devez aussi voir un psychiatre pour vérifier que vous êtes en pleine possession de vos moyens et que c’est bien votre choix profond.

Je pousse mes limites toujours plus loin.

Je constate que je pousse mes limites toujours plus loin. Si on m’avait dit il y a quelques années qu’une infirmière devait venir plusieurs fois par jour pour m’aider, j’aurais dit, « je ne veux pas de ça, je ne veux être autonome, je ne veut pas être dépendante » . Mais aujourd'hui une infirmière vient à la maison quatre fois par jour et je suis toujours là parce que je sais que j’ai mes papiers en main et que si ça devient trop difficile, trop dur à vivre, je pourrai prendre une décision. J'ai bien ma vie en main. Mais ce jour là il faudra reparler avec un médecin et se repose la question de savoir si c’est la bonne décision et si c'est le bon moment.

Que diriez vous aux politiciens brésiliens qui s'opposent à l'euthanasie ?


Je crois que l’euthanasie n’est pas autorisée en Brésil, ni en Espagne si on aide quelqu'un qui veut mourir on va en prison. Mais je crois que je suis le parfait exemple de l'utilité de l'euthanasie. Je ne crois plus en dieu et je suis plus en accord avec le boudisme et le zen. Si je n’avais pas ses papiers je me serais suicider. J'espère que d’autres pays comme le Brésil pourront en parler et que ce ne sera pas un tabou . Ça fait vivre les gens plus longtemps ce n’est pas parce qu’on a signé ces papiers qu’on meurt le lendemain. Regardez mon cas : j’ai signé ces papiers en 2008 et je suis encore là et j'ai gagné un médaille d’argent hier, c’est un vrai miracle.

N'est-ce pas un débat dangereux? Votre euthanasie semble dire que les personnes handicapées devraient mourrir parce que ça ne vaudrait pas le coup.

Je vous ai dit que ces papiers ne sont pas simples à obtenir. Il y a quelques annes, je peignais de magnifiques tableaux, maintenant ma vue a beaucoup baissé, je ne vois plus que 20%.

"Mon dossier pour l'euthanasie m'aide à vivre"

Qu’est ce qui m’arriver d'autre? J’ai très peur. Mais je sais que si ça devient trop dur un jour, j’ai mes papiers.


Est-ce que vous apprécier la vie?

Oui bien sûr j’apprécie chaque minuscule instant je dis toujours : "quand vous avez des mauvais jours, appréciez doublement les bons jours. Beaucoup de gens quand ils sont malade ou qu’ils ont mal, ils s’en plagaine pendant des jours, ""ah je me sentais mal, j’avais mal. Moi le lendemain, quand je me sens mieux je dis "ah je me sens bien, je me sens bien", je profite de chaque instant.

Vous avez une dernière course vendredi, comment serez vous?

Le 17 je vais pousser le plus que je pourrai, je sortirai mes bras de mon corps, et puis après quand j’aurai fini, ça sera très difficile. Je ne sais pas quelle place j’aurai, mais dans tous les cas, je crois que je vais pleurer très fort ; ce sera la dernière fois que je serai dans le fautueil de compétition. J’ai fait d’autres sports avant, j’ai du arreter le triathlon à cause de l’avancée de la maladie, et ça a été très difficile de renoncer.  Mais j’ai constater que, quand vous arretez quelque chose, vous découvrez autre chose. Je ne sais pas ce qui va se passer après. je vais apprécier la vie avec mes amis et ma famille, je vais faire des conférences dans les école, les entreprises. Je veux inspirer les gens et leur dire : il faut vivre jour par jour et apprécier chaque petit instant.


Pouvez-vous nous parler de l'hitoire de votre maladie?

 Chaque fois que j’allais chez le médecin, il me disait ceci va plus mal, cela va plus mal, ceci va peut être se passer et ceci va peut etre empirer. Chaque fois que j'y allais, j'avais de maucaises nouvelles. Je voulais abandonner. Maintenant, quand je vois quelque chose aller plus mal, c’est de plus en plus difficile d’être en paix.


Comment vous faites pour vous entrainer alors que la douleur vous empêche souvent de dormir ?

Je suis très forte dans ma tête Quelque fois, je ne dors que dix minutes par nuit, je peux etre à lentrainement à 9h le matin. Ca peut être très difficile pour moi. Quand le m’entraine je pousse littéralement toute ma souffrance hors de moi parce que je suis tellement en colère. " Pourquoi moi ? Pourquoi ça m’arrive pourquoi tout ça ?" Je veux vivre, je veux être hereuse  je ne veux pas souffir, je veux apprécié chaque moment Et parfois quand je vais à l'entrenaiement après une mauvaise nuit, je dis à mon coach :  "je ne peux pas je souffre trop" et alors il faut être inteligenet et se dire je rennonce".


On vous a vu sur beaucoup de photos avec votre chien "zen" il vous accompagne partout?

Zen me rend zen, je l’ai eu quand quand elle était chiot , nous faisons l’entrainement ensemble nous faisons tout ensemble. Elle est tout pour moi. Quand je vais avoir une crise d’épilepsie, une heure avant, elle me previent, je ne sais pas comment elle le ressent, elle me regarde, elle agite la queue " Eh marieke quelque chose va se passer, va t’allonger quelque part!" «  Au début je disais "Zen va t’en qu’est ce que tu fais" . C’était très énervant pour moi. Après un moment, j’ai vu qu’elle me disait quelque chose : " Marieke quelque chose va se passer ".  Elle m’est très utile aussi, parce que les gens voit ce que je ne peux pas faire, mais ils ne voient pas ce que ma chienne peut faire. Pour moi c’est imposible de ramasser une piece au sol. Elle m’aide à enfiler mes chaussettes, a payer à la caisse du supermarché, à porter mes courses quand j’ai acheter trop de choses. Je n’ai pas pu la faire venir à Rio, et elle me manque beaucoup surtout les nuits où je souffre. Elle dort sur moi, elle me manque.

Comment envisagez vous votre mort ?

Je me sens maintenant différente sur cette question par rapport à quelques années auparavant. Maintenant, ma peur de la mort est partie. Je pense à la mort comme quelque chose qui vous transforme. Vous allez dormir et vous ne vous reveillez pas.

L'euthanasie c'est paisible

C’est quelque chose de pacifique. Pour moi l’euthanasie est aussi quelque chose de paisible. Si vous mourrez naturellement c’est très dur, vous souffrez beaucoup et je ne veux pas mourir en souffrant. Je veux que ma mort soit un moment pacifique avec les gens que je choisi, avec les gens que je veux. Oui, comme cela, je veux bien.