Superstition

Une vague d'assassinats d'albinos en Tanzanie

L'albinisme en Tanzanie, source UN.org
L'albinisme en Tanzanie, source UN.org

Les assassinats de personnes albinos se succèdent en dans le nord de la Tanzanie, une criminalité ciblée qui a pour origine la superstition et un trafic d'organe destiné à la sorcellerie autour de l'albinisme.

Le 14 février au soir, des inconnus armés de machette font irruption chez une famille, blessent grièvement la mère et repartent avec Yohana Bahati, un bébé d'un mois et demi. Quatre jours plus tard la police annonce la découverte du corps mutilé de l'enfant dans une forêt. C'est le deuxième cas d'enlèvement d'une personne albinos en Tanzanie en moins de deux mois. Ces dernières années, 74 personnes atteintes de cette anomalie génétique ont été assassinées ou portées disparues dans ce pays d'Afrique de l'Est où l'on compte un albinos sur 1 400 habitants, soit quinze fois plus qu'en Occident. La forte prévalence de cette affection s'explique par le grand nombre de mariages consanguins dans le nord de la Tanzanie.

Trafic d'organes

L'albinisme est une maladie génétique héréditaire qui se traduit par l'absence de pigmentation de la peau et des poils, la personne a la peau très claire et les cheveux blancs. En Afrique noire, les albinos sont souvent victimes d'ostracisme et une superstition tenace attribue des propriétés magiques aux porteurs de cette anomalie génétique. Il en résulte un trafic d'organes qui alimenter le marché de la sorcellerie. Un corps entier de personne albinos se négocie jusqu'à 75 000 dollars. En août 2014 une étude des Nations unies alerte sur la hausse des persécutions et des mutilations à l'approche des élections générales prévues en 2015.

L'enlèvement d'une fillette albinos de quatre ans en décembre 2014 a relancé la pression de l'Onu sur la Tanzanie. A la mi-janvier les autorités ont décrété l'interdiction de la sorcellerie pour juguler cette criminalité ciblée, une décision qui n'a pas encore d'effet sur le terrain.