Exclusion

Santé et pauvreté, les propositions du collectif Alerte

Les associations demandent un accès aux soins pour les plus démunis.
Les associations demandent un accès aux soins pour les plus démunis.

Réunies au sein du collectif Alerte, de nombreuses associations proposent d'améliorer le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté et l'exclusion de 2013, notamment dans le domaine de l'accès aux soins.

Le 26 janvier dernier, François Chérèque a remis un rapport au gouvernement pour évaluer le Plan quinquennal de lutte contre la pauvreté. Les associations du collectif Alerte, dont la Croix Rouge française, le Secours catholique et Emmaus profitent de la remise de ce rapport pour faire leur propre évaluation du plan quinquennal. La santé, tout comme le logement et l'emploi font partie des points essentiels de la réflexion engagée par ces associations dans le cadre de leur états généraux du travail social.

Jeanine Rochefort est médecin, déléguée générale au sein de Médecins du monde pour l'Ile de France, pour elle le système de santé doit être amélioré pour le rendre plus accessible aux populations les plus fragiles. L'un des points soulevés par cette spécialiste de la santé au sein du collectif Alerte l'effort en matière de prévention comporte des oublis, on n'a prévu aucun dispositif pour les enfants de moins de six ans, ni les jeunes. Dans le domaine de l'environnement, la prévention n'a été prévue que pour la pollution atmosphérique et pour l'amiante, en laissant de côté les risques comme ceux liés aux logements insalubres.

Les médecins résistent au tiers-payant

La pauvreté et la précarité conduisent aussi les patients à renoncer aux soins, parce qu'il faut payer au moment de la consultation. Le fait de n'avancer que le tiers-payant atténue permet de réduire cet effort financier. Mais des médecins dénoncent ce tiers-payant en invoquant la lenteur de la Sécurité sociale à les rembourser. Pour Jeanine Rochefort qui a été médecin libéral, trouve la réticence des praticiens exagérée.

" Il suffirait de pratiquer le tiers-payant, je l'ai fait et j'étais remboursée 72 heures après. Il faudrait que les plus précaires ne payent que le ticket modérateur, car c'est plus simple de payer sept euros plutôt que 21 euros " raconte Jeanine Rochefort. Pour la déléguée générale de Médecins du monde le fait d'obliger les patient à avancer la totalité de la somme d'une consultation peut les décourager à se soigner, sans compter que le prix plus élevé des spécialistes ou des médecins qui pratiquent des dépassements d'honoraires. Et quand on parle à Jeanine Rochefort de la grève des médecins pour la revalorisation de leurs tarifs, elle estime qu'une telle augmentation va accélérer l'inflation des prix des mutuelles dont les tarifs sont calculés en fonction des prix des soins.

Mesurer le refus de soins

Une autre dérive consiste à refuser des patients. Pour mettre en évidence ce refus de soins, Médecins du monde a effectué des tests téléphoniques auprès des cabinets. Ce travail consiste à appeler en se faisant passer pour un bénéficiaire de la Couverture médicale universelle (CMU), ou pour un étranger en situation irrégulière relevant de l'aide médicale d'Etat (AME), puis en rappelant en tant qu'assuré du régime général possédant une mutuelle pour vérifier si le praticiens favorise ou non cette dernière catégorie de patients.

" Dans les études que nous avons faites certaines spécialités, en particulier la gynécologie et l'ophtalmologie, il y avait des refus de soins pour les titulaires de l'AME qui montaient à 60%. Et jusqu'à 20% pour les titulaires d la CMU " observe Jeanine Rochefort. Parfois, les praticiens refusent directement le rendez-vous demandé, ou alors ils donnent des prétextes " fallacieux " selon Médecins du monde. Pour combattre ces dérives, Jeanine Rochefort préconise la création d'un observatoire indépendant.

Ce qu'on demande c'est que les refus de soins soient reconnus, authentifiés, qu'on en ait le nombre, le volume. Mais pas par nous. Par un observatoire indépendant qui serait mis en place par les associations professionnelles, les patients, les usagers, la sécurité sociale.