Sotchi Ski Visuel
Sotchi 2014 : présentation du ski pour déficients visuels
En ski alpin comme en ski de fond, plusieurs types d’épreuves sont ouverts aux athlètes déficients visuels. Toutes ont en commun d’offrir un spectacle très impressionnant.
Si une porte de départ en ski alpin en position fermée est appelée « blind gate » (littéralement : « porte aveugle »), les déficients visuels ont depuis longtemps poussé les portes des compétitions de haut niveau. Avec un aménagement principal dû à leur handicap : ils sont précédés, parfois suivis, par un guide voyant, skieur de haut niveau également.
C’est le guide qui fournit par oral, le plus souvent avec un système d’intercommunication (chacun est équipé d’un émetteur récepteur avec oreillettes et micro) les indications sur le parcours. A quel moment tourner ? De quel côté ? Simple ou double porte ? Relief de la piste ? Les informations importantes sont ainsi transmises avec pour résultat une chorégraphie à deux, en léger décalage.
« Eric, c’est ma vision »
La championne australienne mal voyante Jessica Gallagher, médaille de bronze aux Jeux de Vancouver 2010, exprime sa confiance et sa reconnaissance pour son guide Eric. « La difficulté principale pour un déficient visuel en course est que nous sommes affectés par les éléments changeant en permanence que sont la montagne et Mère Nature ». La confiance est prédominante car tout skieur déficient visuel doit pouvoir s’élancer à grande vitesse avec sécurité. « Eric me relaie toutes les informations importantes, comme les changements de rythme, de combinaison des portes, les variations de lumière, les ruptures de pente où je risque de décoller, les difficultés techniques aussi bien que les injonctions à accélérer et les encouragements ».
En ski alpin notamment, les règles sont strictes. Par exemple, aucun contact physique n’est permis entre le guide et le skieur de compétition pendant la course. La distance entre le guide et l’athlète dans les épreuves techniques (slalom et slalom géant), où le nombre de portes est plus élevé, ne doit pas excéder deux portes. Dans les épreuves de vitesse (descente et super-G), comportant moins de portes, la distance ne doit pas dépasser une porte.
Les skieurs, en alpin ou en fond, sont regroupés en 3 catégories selon leur handicap visuel, l’accompagnement par un guide étant toujours obligatoire :
B1 : Skieur à cécité complète, ou qui a une perception de la lumière mais sans possibilité de reconnaître les objets et les contours à toutes distances et dans toutes les directions. Le port de lunettes noires est obligatoire.
B2 : Skieur amblyope, avec une acuité visuelle inférieure à 2/60e et/ou un champ de vision inférieur à 5° au maximum de correction.
B3 : Skieur amblyope, avec une acuité entre 2/60e et 6/60e et/ou un champ de vision entre 5° et 20°.
L’équipe de France handisport de ski alpin ne comporte aucun athlète déficient visuel. Le Triple champion paralympique et médaillé de bronze à Turin 2006 et Vancouver 2010, Nicolas Berejny, s’est fracturé le plateau tibial il y a quelques semaines lors d’un entrainement au Canada.
En biathlon, le tir est accessible aux déficients visuels
En ski nordique, le principe d’accompagnement par un guide reste le même, avec cependant un dispositif ingénieux pour le tir en Biathlon (discipline combinant course et tir). Les sportifs déficients visuels utilisent une carabine munie d'un système « optronique » qui émet un signal sonore durant le processus de visée. Plus le viseur est proche de la cible, plus le signal est fort.
Au premier plan, Robin Mc Keever, participant valide aux JO de Nagano, qui sert de guide à son frère Brian Mc Keever.(photo : Associated Press)
A Sotchi, Brian Mc Keever sera l’un des compétiteurs déficients visuel le plus redoutable dans les épreuves de ski nordique. Le Canadien a gagné sept médailles d’or, deux d’argent et une de bronze en 3 olympiades. Son guide est un de ses plus précieux atouts. Ce rôle a été tenu pendant 8 ans par Robin Mc Keever, son frère aîné, champion valide, ancien participant aux JO de Nagano en 1998, et ex-entraineur de l’équipe de ski nordique handisport canadienne. Erik Carleton, athlète de haut niveau lui aussi, occupe cet fonction de co-équipier depuis 2011. Les deux hommes dominent la discipline. En février 2013, ils ont remporté l’or, pour la deuxième année consécutive, aux championnats mondiaux du Comité international paralympique en Suède. Ils ont franchi le fil d’arrivée d’une des épreuves presque une minute avant les médaillés d’argent.
«Il faut prendre des décisions rapides quand on guide un aveugle», explique Brian. Erik doit donc développer une forte complicité qui l’aide à prévoir la stratégie adoptée par son partenaire. Il doit deviner à quel moment il est préférable de laisser l’adversaire prendre les devants, savoir négocier des passages périlleux sans perdre de temps, et juger quand il convient de foncer. Ce synchronisme, acquis de haute lutte, est essentiel au duo.
« Hors saison, je continue à voir mon guide afin de conserver la symbiose qui nous lie pendant la compétition ».
Le seul skieur déficient visuel de la sélection française est Thomas Clarion, double champion de France de ski nordique et de biathlon, vainqueur de la Coupe du monde de Biathlon en 2008-2009. A Sotchi, accompagné de son guide Julien Bourla, il s’engagera à la fois dans les épreuves de ski et de biathlon. « Mon objectif est de monter sur le podium dans les deux disciplines ».
Thomas Clarion livre un de ses secrets de préparation : « Durant l’été et l’automne, je continue à voir Julien, qui me guide pendant les courses l’hiver, afin de conserver la symbiose qui nous lie pendant la compétition ».
Le champion, masseur-kinésithérapeute à Bonneville (Haute-Savoie), donne un conseil précieux aux skieurs déficients visuels et à leurs accompagnants : « découvrir la perception de son corps dans le but d’acquérir une meilleure technique et surtout de bonnes sensations de glisse ».
Le programme des épreuves de ski alpin et de ski nordique à Sotchi pour les déficients visuels (heure française)
Ski Alpin Ski nordique
Samedi 8 mars :
07:00 Descente Dames
07:50 Descente Hommes
Lundi 9 mars :
07:00 Super G Hommes
Mardi 10 mars :
07:00 Super G Dames 08:00 20km Hommes
10:20 15km Dames
Mercredi 11 mars :
06:30 Descente du Super Combiné Dames
07:25 Descente du Super Combiné Hommes
12:30 Slalom du Super Combiné Dames
13:10 Slalom du Super Combiné Hommes
Jeudi 12 mars :
13:00 Slalom Dames 1ère manche 08:16 1km sprint Hommes
16:00 Slalom Dames 2ème manche 08:28 1km sprint Dames
10:12 1km sprint H ½ finales
10:22 1km sprint F ½ finales
11:24 1km sprint H finale
11:33 1km sprint D finale
Dimanche 15 mars :
06:30 Géant Hommes 1ère manche
10:00 Géant Hommes 2ème manche
Lundi 16 mars :
06:30 Géant Dames 1ère manche 07:20 10km Hommes
10:00 Géant Dames 2ème manche 08:40 5km Dames
France Télévisions va assurer 60 heures de direct pour couvrir les Jeux Paralympiques.
Retrouvez également Vincent Lochmann et Valentin Mahieu tous les jours en direct de Sotchi sur Vivre FM.
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