Cambodge surdité
Cambodge : le développement difficile de la langue des signes
Au Cambodge, pays ravagé par la guerre, une association s’occupe d’enseigner la langue des signes aux sourds délaissés par l’Etat. Isolés par l’impossibilité de communiquer, ces derniers ont enfin une chance de s’intégrer à la société.
Charlie Dittmeier est un prêtre catholique américain résidant au Cambodge. En plus de partager une forte ressemblance avec Steven Spielberg, cet homme dirige le Deaf Development Program, un organisme d’aide aux personnes atteintes de surdité.
Abandonnés par l’Etat
Etablie dans un salon de coiffure plus silencieux qu’à l’accoutumée, les personnes prises en charge peuvent ainsi accéder au langage des signes, un Graal dans un pays en reconstruction et à l’économie difficile, dans lequel personne ne s’occupe des questions de handicap.
D’après les estimations des ONG, toujours approximatives en l’absence d’un recensement officiel, le Cambodge compterait 50 000 sourds, dont seulement une poignée maitrise le langage des signes grâce au DDP ou à l’école Krousar Thmey, spécialisée dans l’accueil d’enfant sourd. Et sans outil pour communiquer, ces personnes sont isolées.
« J’avais l’impression d’être en prison »
Oeun Darong, un apprenti coiffeur de 27 ans, a enfin pu accéder au contact avec l’autre grâce à la DDP. Avant cela, il vivait dans la solitude, étant pourtant enfant d’une famille de huit enfants. Privé d’école, ses journées se limitaient à s’occuper de la vache familiale ou pêcher seul. Jusqu’à son premier contact avec l’ONG, il pensait être le seul sourd au monde, étant le seul à souffrir de ce handicap dans son village.
"J’avais l'impression d’être en prison. Je ne pouvais rien faire, je n'avais pas d’argent, pas d'éducation. J'étais seul avec moi-même, c'était une vie triste" explique t-il grâce au langage des signes appris au DDP.
L’école de la vie
Si les personnes prises en charge apprennent à communiquer, ce n’est pas la seule chose qu’enseigne Charlie Dittmeier dans son ONG. Des rudiments de mathématique et de lecture sont inculqués, en plus de l’apprentissage d’un métier pour chacun, comme Oeun devenu coiffeur. Les murs du centre sont recouverts de dessin représentants certains gestes d’hygiènes, ou des positions du langage des signes cambodgien, en développement et remplaçant progressivement la version américaine enseignée à l’origine.
Pas une exception
Le Cambodge est loin d’être le seul pays dans lequel la situation est très difficile pour les personnes sourdes et muettes. Les personnes ayant la chance d’accéder au langage des signes, et donc à la communication, sont encore en nombre restreints dans la plupart des pays en développement, dans lesquels les gouvernements ont d’autres priorités. La Fédération Mondiale des Sourds (World Federation of the Deaf) milite constamment pour un meilleur accès à l’éducation pour les quelques 70 millions de sourds à travers le monde, soulignant une grande proportion d’illettrisme parmi eux. Un sujet d’importance quand on voit la différence que peut faire la communication dans une vie. Comme l’explique Oeun Darong : « Je ne suis plus seul ».
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