Insertion Solidaire
« Rendez-vous à Vivre » : l'Economie sociale et solidaire pour l'insertion des personnes handicapées
Au sud de Paris, l’association d’Entr’Aide Vivre accompagne les personnes en situation de handicap dans l’emploi. Pour ce faire, elle a organisé, la semaine dernière, une réunion débats autour de l’insertion des personnes handicapées dans le cadre de l’économie sociale et solidaire.
Handicap et économie sociale et solidaire peuvent faire bon ménage. L’association pour l’insertion des personnes handicapées, Vivre, en fait en tout cas le pari. S’est ainsi tenu, mercredi dernier, à Villejuif, près de Paris, un échange autour de la problématique « comment créer un parcours d’inclusion innovant au cœur de l’économie sociale et solidaire ? ». Le but de ce « rendez-vous à Vivre » est de proposer des solutions de proximité, en permettant à une personne en situation de handicap de « construire son parcours sans s’exiler à l’autre bout du territoire national ». La formule est de Luc Frossard, président de Vivre. Et l’économie sociale et solidaire est une parfaite candidate pour cela car il y a, d’après Luc Frossard, « un socle commun très fort » entre l’ESS et les institutions qui œuvrent pour l’insertion des personnes handicapées. Pour Vivre, l’économie sociale et solidaire est en effet un secteur qui a des exigences de productivité, certes, mais qui assure en même temps « une action sociale et un vrai bien-être de l’ensemble des gens qui y concourent ».
« Des pistes à suivre sur les groupements d’employeurs, le temps partagé »
Mais pour Guillaume Chocteau, du magazine Ressources solidaires, invité à participer à la discussion, la coopération entre entreprises de l’ESS et institutions sociales, autour du handicap, n’est pas toujours évidente. Ne serait-ce que parce que le secteur économique en question semble assez fragile. « La plus grosse difficulté, et qui concerne la grande majorité des structures de l’économie sociale, c’est qu’elles sont toutes petites et qu’elles ont donc des politiques RH compliquées, voire une absence totale de politique RH ». Pas facile, dès lors, d’accueillir une personne en situation de handicap. Pour Guillaume Chocteau, il s’agirait alors de mieux informer ce type d’entreprises , de faire preuve de davantage de pédagogie, via « les magazines, les sites, les fédérations, les branches ». Et puis Guillaume Chocteau prône aussi la transversalité entre les différentes petites structures, la coopération. « Il y a des pistes de travail à suivre sur les groupements d’employeurs, sur la mutualisation, le temps partagé (…) ». Une réflexion valable pour le monde de l’emploi en général.
Luc Frossard, président de l'association Entr'aide Vivre
La coopération entre les différents acteurs. L’avis est bien sûr partagé par Gérard Teriltzian, adjoint au maire de Villejuif. Toutefois, l’élu met en garde contre les fragmentations qui subsistent encore sur un même territoire, ne serait-ce qu’entre les différentes institutions sociales. « Lors de la première expérience de la commission consultative pour l’accessibilité (proposée par la mairie de la ville, ndrl), il a été extrêmement difficile de faire travailler ces personnes (les différentes structures d’aide aux personnes handicapées) ensemble. Ils ont du mal à partager. »
Oublier le compassionnel, se concentrer sur les compétences
Entre autres idées évoquées sur l’insertion des personnes handicapées, les participants ont également rappelé l’importance de l’alternance. Tant pour les valides que pour les personnes en situation de handicap, cette formation au sein-même de l’entreprise est encore l’une des meilleures voies pour avoir un emploi. Et puis c’est, encore et toujours, le regard sur le handicap au sein de l’entreprise qu’il s’agit de travailler. « Il faut éviter le compassionnel, aussi bien côté salarié que côté employeur, rappelle Nathalie Ducros de l’AGEFIPH, qui accompagne les personnes handicapées dans le monde du travail, au contraire, il faut mettre en avant les compétences des personnes en situation de handicap. » Pour la déléguée de l’AGEFIPH, il est toutefois essentiel de parler du ou des handicaps à l’employeur afin qu’il connaisse les besoins du salarié qu’il souhaite recruter. « Il est très important de verbaliser. »
27 % de personnes handicapées au chômage en Ile-de-France
A l’association Vivre, en tout cas, on est plutôt satisfait de la teneur des débats. « Dans la salle, il y avait des « patients » ou des « usagers » (en fonction du nom que la structure donne aux personnes en situation de handicap qu’elle accompagne, ndrl), ils ont pu apporter leurs témoignages. C’est ce que nous voulions, sourit Régis Simonnet, directeur général de Vivre, et puis il y a eu des propositions, comme celle du responsable de Ressources solidaires (Guillaume Chocteau) qui nous a proposé d’entrer en contact avec la Chambre régionale d’économie sociale afin de réfléchir à des dispositifs d’emploi pour les personnes handicapées. » L’association d’Entr’Aide Vivre apporte un soutien, notamment dans le Val de Marne et les Hauts-de-Seine, aux personnes en situation de handicap dans leur insertion sociale et professionnelle. Esat (Etablissement et service d’aide par le travail), CRP (Centre de réadaptation professionnelle) ou SAVS (Service d’accompagnement à la vie sociale), Vivre s’appuie sur une série de structures, dans des domaines variés et complémentaires, afin d’accompagner au mieux les personnes demandeuses. En Ile-de-France, 27 % des personnes handicapées sont au chômage.
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