Prothèses auditives
Des prothèses auditives trop coûteuses ?
Le quotidien Le Parisien consacre aujourd’hui un enquête au « scandale des prothèses auditives ». Sur les six millions de personnes malentendantes que compte la France, seules un million sont équipées. La principale raison invoquée est le prix : l’appareillage des deux oreilles peut coûter jusqu’à 3000 euros.
« Sur dix patients pour lesquels c’est une vraie nécessité de s’équiper, trois au maximum prennent rendez-vous avec un audioprothésiste. A chaque fois c’est le prix qui dissuade les patients », indique le professeur Christian Dubreuil, ORL aux Hospices civils de Lyon, dans une interview accordée au Parisien.
Une question de santé publique
Les témoignages ne manquent pas pour illustrer le véritable frein à l’appareillage que constitue le prix. Jean Lebeau explique au même quotidien que sa surdité a nécessité un premier appareillage en 1997. Son coût s’élevait alors à 18 000 francs (2700 euros). Sept ans après, le patient doit changer d’appareils auditifs mais, désormais à la retraite, il ne peut supporter leur coût de 3000 euros. Il a donc choisi de se limiter à de simples amplificateurs. Mais renoncer à s’appareiller n’est pas sans conséquence.
« Le sous-équipement est dramatique. Tous les experts expliquent que le trouble de l’audition accélère la sénilité », précise encore le professeur Dubreuil. L’impact de l’absence d’appareillage se fait ressentir tant au plan médical qu’au niveau social. Monter le son de la télévision à l’extrême ou faire répéter sans cesse les propos compliquent en effet les relations avec l’entourage immédiat mais aussi avec le voisinage. Ce qui peut favoriser l’isolement des personnes malentendantes.
Des prothèses auditives au prix exorbitant et mal remboursées
« Comment une femme seule avec 800 euros de pension pourrait-elle se payer deux prothèses à 3000 euros ? », s’interroge le professeur Dubreuil.
Seuls 119 euros sont remboursés par la Sécurité Sociale et 350, en moyenne, par les mutuelles. Le reste à charge pour le patient s’élève donc à plus de 1000 euros.
Une étude du cabinet d’expertise Financière de la cité relayée par Le Parisien révèle que 80% du prix des prothèses provient des distributeurs. La loi française donne le monopole de la commercialisation et de la pose des appareillages aux audioprothésistes. Leurs syndicats professionnels insistent sur le fait que ce n’est pas seulement un appareil mais aussi un service qui est rendu, puisque le prix de vente comprend les réglages des prothèses et le suivi du patient sur plusieurs années. La détermination du prix de chaque prestation reste cependant difficile à établir. Un rapport de la Cour des comptes publié mi-septembre dénonçait déjà des prix opaques et une concurrence limitée dans ce secteur.
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