Chant lyrique

« Mois Extra-Ordinaire », à Paris : une chanteuse aveugle à l'île Saint-Louis

Chanteuse lyrique et non-voyante, Nathalie Milon se produit en novembre au théâtre de l’île Saint-Louis, à Paris. « Coquetterie posthume », c’est le nom de ce récit théâtralisé, présenté dans le cadre du « Mois Extra-Ordinaire », organisé par la Mairie de Paris, qui met en lumière les différents talents des personnes handicapées.

« On compte les pas qui vont du bord de scène au fond de scène, ou du piano au bord de scène ». Nathalie Milon évoque, sur notre antenne, les difficultés liées à son handicap. Et qu’elle a dû surmonter pour réaliser la pièce « Coquetterie posthume ». Pour la chanteuse atteinte de cécité, tout sur scène devient important pour pouvoir se déplacer. « Quand on ne voit pas, on prend beaucoup de repères sur scène ».


L’artiste est née mal voyante. Elle est aujourd’hui quasiment aveugle. Mais cela ne lui a posé trop de soucis pour faire carrière. « C’est vrai que c’est un métier difficile, raconte-t-elle, et davantage encore quand on est mal voyant et qu’il faut se faire une place. » Et pour pouvoir exercer ce travail qui la fait vivre, Nathalie a dû trouver quelques petites adaptations. « Toutes mes partitions, de musique classique, sont traduites en braille. Il y a des associations sur Paris qui font ça très bien ». Mais lorsqu’il s’agit de se produire sur scène, l’artiste fait appel à sa mémoire, « chanter avec sa partition en braille à la main, c’est n’est pas très pratique », et apprend donc ses chants par cœur. 

But : faire revivre les grands textes classiques du 19e et du 20e siècle
 

La pièce qu’elle présente aujourd’hui au théâtre de l’île Saint-Louis, « Coquetterie posthume » est l’œuvre d’un trio, puisque la cantatrice est entourée d’une pianiste, Sylvie Dunet, et a bénéficié du savoir-faire d’un metteur en scène, Marc Wery. La pièce, qui prend la forme d’un « récit théâtralisé », met en scène deux personnages, devenus fantômes à leur insu. L’occasion, pour les artistes, de faire revivre –sous une forme musicale et théâtralisée- les grands textes classiques du 19e et du 20e siècle, tels un Claude Debussy, un Paul Eluard ou Théophile Gautier. Une œuvre qui mêle le sérieux du lyrique à une mise en scène plutôt humoristique. Et qui se veut surtout accessible à tous, même à ceux qui ne connaissent pas le répertoire classique.
 

Nathalie Milon a découvert la musique à 16 ans, par la guitare, le piano et la batterie. Mais ce sont les mélodies classiques qui vont le plus l’inspirer, rapport à la professeur de musique qu’elle avait au collège et qui était aussi chanteuse d’opéra, après les cours. Toutefois, l’artiste ne se cantonne pas à ce répertoire parfois jugé austère. Elle s’ouvre aussi à la musique populaire latino-américaine. « J’ai été chanté au Chili, en Bolivie et, actuellement, je travaille avec deux guitaristes percussionnistes d’Amérique du Sud ». Le but ? Eprouver encore sa voix. Chercher, encore, de nouvelles choses. « Car mon travail de chanteuse, c’est aussi écouter ce que les autres font, c’est rencontrer d’autres personnes ». Et évoluer, toujours.

 

La pièce « Coquetterie posthume » est à retrouver les 5 et 19 novembre prochains, au théâtre de l’île de Saint-Louis, à Paris, dans le cadre du « Mois Extra-Ordinaire » du Handicap 2013. Réservations, sur répondeur automatique, au 01 46 33 48 65.