Dépression

Des antidépresseurs par voie nasale pour les GI américains

Les soldats en campagne, en Irak comme en Afghanistan, sont tous les jours confrontés à des situations stressantes
Les soldats en campagne, en Irak comme en Afghanistan, sont tous les jours confrontés à des situations stressantes
En Afghanistan, les soldats mettent fin à leurs jours plus rapidement qu’ils ne tombent sous les balles ennemies. Cette année, le Pentagone dénombre en moyenne un suicide par jour. Un fléau pour l'armée américaine qui tente de mettre au point un spray nasal. Pas n’importe quel « spraytotype », il ferait disparaître les idées noires de ses troupes.

L ’armée américaine prête à mettre les moyens pour ses petits soldats au moral de plomb. Avec 38 soldats suicidés pendant le seul mois de juillet, l’administration militaire vient d'octroyer une bourse de 3 millions de dollars, soit 2,4 millions d'euros, à des chercheurs de l'école de médecine de l'Université de l'Indiana, dirigés par le neurobiologiste Michael Kubek. Objectif de l’équipe du chercheur : créer un antidépresseur à effet immédiat pour les soldats sur le terrain en un an.

Le spray, la solution de fortune

     soldat américain avec un blindé en patrouille


Depuis la guerre du Vietnam, l'opinion publique américaine fait pression sur ses dirigeants pour intégrer le ressenti de chaque soldat au conflit. Les campagnes en Afghanistan et en Irak ramènent des militaires épuisés physiquement et moralement. Leurs situations émotionnelles instables, alliées à leurs angoisses les conduisent très souvent à l'irréparable. Chaque années l’armée américaine investit depuis 2 milliards de dollars pour la santé psychologique de ses GI’s.


Ses équipes travaillent à partir d'une hormone appelée thyréotrope (TRH), dont les effets antidépresseurs sont connus « depuis les années 1970  », selon le neurobiologiste. L'efficacité du produit est avérée,  mais « comment faire entrer dans le cerveau l’hormone synthétisée  », se demande le chercheur.


Problème, perfusée ou avalée, l'hormone se dissipe trop rapidement dans l'organisme et n’atteint pas le cerveau. D'où l'idée d'un spray nasal pour atteindre le liquide céphalo-rachidien. Avec 3 millions de dollars, l’équipe du docteur Kubek à un an pour réaliser le « spraytotype ».

TRH, la fin de la peur au ventre

     Les GI's américains sous les tirs nourris des Talibans en Afghanistan


L'hormone thyréotrope (TRH) est une hormone tripeptidique produite par l'hypothalamus qui stimule le largage de thyréotropine (TSH) et de la prolactine par l'hypophyse antérieure. En langage barbare, TSH et TRH sont responsables de l'augmentation de la captation d'iode, de la synthèse des hormones thyroïdiennes et de leur mise en circulation dans le sang.


Jusqu'ici, l’hormone n'était administrée aux patients que sous forme d'injections lombaires, un traitement lourd. Grâce aux nanotechnologies, cette hormone pourrait être diffusée dans le cerveau en passant par la cavité nasale, grâce à ce spray. Dans ce contexte, ce qui intéresse l’armée sont les effets antidépresseurs de l’hormone.

Vers un nouveau type de pharmacologie civile

     Pillules d'antidépresseur étalées en nombre sur une table


« Aujourd'hui, les antidépresseurs utilisés couramment prennent des semaines avant d'avoir un effet », note le Dr Kubel sur CNN, expliquant que la TRH pourrait agir bien plus rapidement. Si la recherche, puis les essais cliniques aboutissent, l'invention pourrait avoir des applications dans le civil.


"Potentiellement, si cela fonctionne, nous aurons un tout nouveau type de pharmacologie", estime le Dr Kubek. Ce spray nasal n’est pas une solution miracle : une fois administré, il ne pourrait pas remplacer un traitement traditionnel aux antidépresseurs en cas d'urgence.