Soins dentaires

La bataille d'Incisiv pour les soins dentaires à domicile

La société francilienne Incisiv met en relation des dentistes solidaires avec des patients ayant des problèmes de mobilité. Mais les praticiens subissent des intimidations et sont accusés par des membres de l’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes (ONCD) de ne pas respecter le code de déontologie.

Agnès Gepner, médecin anesthésiste, a fondé Incisiv en 2013. La petite société commerciale indépendante propose à des personnes âgées et/ou handicapées de recevoir des soins dentaires dans la zone Île-de-France, parfois au-delà. Des « dentistes solidaires » utilisant un semi-remorque équipé de matériel spécialisé se rendent alors chez les patients pour s’occuper d’eux. Mais la société subit des tentatives d’intimidation de la part de membres de l’ONCD, menaçant notamment les dentistes solidaires de radiation.

 

Une activité sans statut juridique propre

 

L’accusation est simple : les soins à domicile proposés via Incisiv sont illégaux car non conformes avec le code de déontologie de la profession. En effet, celui-ci indique dans l’article R4127-74 que «  l'exercice habituel de l'art dentaire hors d'une installation professionnelle fixe […] est interdit   », même si «  des dérogations peuvent être accordées dans l'intérêt de la santé publique par les conseils départementaux   ». Problème : ce code date de l’après-guerre, alors que l’espérance de vie tournait autour de 60 ans. Le texte est donc inadapté à la situation actuelle, où de nombreuses personnes âgées en perte d’autonomie ne peuvent se déplacer jusqu’à un cabinet.

 

Pour Agnès Gepner, cette situation est « indigne d’une société qui se dit évoluée  ». Elle évoque des cas de personnes renonçant à recevoir des soins faute de mobilité. Sa demande : élargir l’interprétation du code de déontologie pour que la pratique de soins dentaires à domicile puisse se généraliser, par exemple en donnant des dérogations sur une période de temps plutôt que pour un patient particulier. Le concept pourrait même être développé en partenariat avec des EHPAD pour une plus grande efficacité. Agnès Gepner appelle à «  changer de mode de pensée  » et à accepter enfin une initiative largement bénéfique pour les patients.

 

La fondatrice d’Incisiv attend un rendez-vous avec le tribunal de commerce et souhaite attirer l’attention de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, afin que son initiative échappe à la disparition et fasse avancer la situation.