Philippe Croizon

« Pas de bras pas de chocolat, on peut rire de tout ! » le nouveau livre de Philippe Croizon sur le handicap

Le dernier livre de Philippe Croizon Pas de bras pas de chocolat sort le 24 mai
Le dernier livre de Philippe Croizon Pas de bras pas de chocolat sort le 24 mai

Dans ce livre coécrit avec Vincent Montgaillard, Philippe Croizon souhaite avant tout transmettre une idée forte : on peut et on doit rire du handicap. En quatrième de couverture on peut y lire « Autant vous mettre tout de suite au courant, en matière de blagues, moi, quand je m’y mets, ce n’est jamais à moitié ! »

Au commencement tout fonctionnait et la rééducation fit des miracles

Le ton du récit est drôle et décapant. Cependant l’auteur n’oublie pas d’évoquer les passages les plus difficiles de sa vie : son électrocution à 26 ans sur le toit de sa maison alors qu’il est en train de poser sa nouvelle antenne pour la télévision. Vingt mille volts lui parcourent  le corps, le grillent , le mutilent , entraînent  des arrêts cardiaques successifs. Le corps de Philippe Croizon en pâtit : il est amputé des quatre membres. Mais cela ne l’empêche pas d’en rire sur son lit d’hôpital : « Entre les amputations, j’ai passé quelques 100 heures sur le billard. Autant dire que j’avais ma carte de fidélité chez l’anesthésiste ».

Il s’en sort et passe par une longue étape de rééducation et ne manque pas de faire le « clown  » avec les autres patients. Il s’accroche et fait « six heures de rééducation par jour au lieu de quatre ». Ceci dit, de l’humour, toujours « Le mec qui a perdu seulement un bras c’est le veinard de la bande, enfoiré t’as fait quoi pour garder tes trois autres membres ?! »
En rééducation, Philippe organise sa chambre pour y accueillir le meilleur de la compagnie. On y boit, on y mange et on y fume quelques « pétards tombés du camion  ». Faire la fête ça fait du bien à tout le monde explique le nageur dasn son livre.

Arrivé dans un nouveau centre de rééducation dans le Morbihan, Philippe retrouve une vieille connaissance, son « mentor », Monsieur Busnel qui lui assène : « dans trois semaines tu sauras pisser et manger tout seul, tu pourras conduire, pour toi rien n’est interdit, ouvre les portes ». Déclic : Croizon se « relève  » prêt à croiser le fer.

En 1998 avec les Bleus, il veut faire partie de l’histoire !

Finale 1998, les Bleus décrochent leur sacre mondial. Croizon au bord du terrain arrive à filer sur ses moignons pour se faire dédicacer le ballon par le 11 de rêve de l'équipe de France, et par le Président Chirac ! Retour sur son fauteuil roulant par les bodyguards qui se sont bien faits avoir.

Le changement, c’est le septennat...

Pendant les sept premières années il était un « clown triste ». Bas les masques, la rencontre avec un psy « d’exception » lui redonne la joie de vivre. Fini les dépressions. Il se redécouvre, et devient un « déconneur sans fard ». Famille et amis sont prévenus. Mais toujours pas de chéries, alors il égrène les sites et mise sur les blagues qu’il maîtrise à merveille pour surprendre. Mais la surprise ne fonctionne pas toujours. On notera la réflexion d’une femme : « Rassure moi, au milieu ça fonctionne bien ». Et finalement le miracle se produit, pour elle il arrêtera même la cigarette.

Electricité de France, nage en eau profonde, rallyes et bénévolat : défis relevés.

Croizon se lance dans la traversée de la Manche et cherche un sponsor. Il croise un représentant d’EDF et ne manque pas de lui renvoyer le slogan de l'électricien : « vous me devez bien plus que la lumière ».
C’est parti, il se lance dans le projet fou de traverser la Manche en 2010. L’athlète canapé s’entraîne. 13h23minutes, les chiffres de son exploit. La tasse, il l’a bue mais il a réussi. En 2012 il traverse la Mer Rouge avec un équipement spécifique. Dernier exploit en date, il participe aussi au Dakar 2017 dans un véhicule aménagé.

Il est drôle, il le sait. Philippe commence à faire le tour des entreprises pour parler du handicap. Mais il préfère les moments de sensibilisation dans les écoles, où il fait le show, et dégaine la boite à blagues. La politique, très peu pour lui, il préfère garder sa liberté, pourtant on lui a souvent fait des propositions, notamment de la part de Nicolas Sarkozy.

Petites scènes de rigolades en famille

Il poursuit son ouvrage avec une autodérision manifeste. Il raconte une multitude d’anecdotes sur son handicap. Plus question de s’apitoyer sur son sort. Il continue de cultiver le goût du risque, de raconter des blagues à des personnes qui lui confient leur malheur.

Très heureux en famille, il nous livre avec malice les supercheries que lui font ses enfants. Il raconte également les problèmes qu'il rencontre avec ses prothèses ou encore les plaisanteries qu'il fait à des personnes âgées un peu "mauvaises langues".  Ce qui est sûr,  c’est qu’il nous réserve encore de belles surprises.

Mais pourquoi Philippe Croizon nous offre-t-il de l’autodérision ?

Dans ce livre, le handicap, mieux vaut en rire qu’en pleurer, voilà ce qu’il souhaite. On sent que Philippe est apaisé de là à déclarer « J’ai l’imaginaire très fertile dans la connerie […] j’ai choisi d’ériger la joie et l’optimisme au sommet de mes valeurs afin de faire changer d’humeur les éternels râleurs »
Sur les pages de droite de l’ouvrage, on peut retrouver un florilège de blagues, de tweets et de phrases sorties de discussions qui sont, pour la plupart, hilarantes.


On retrouve le Philippe Croizon émouvant et drôle qu’on connaît. Pour ceux qui ont eu la chance de le croiser, ils retiendront ce caractère blagueur, enjoué qui vous donne le sourire. Pour les valides, retirez-en le meilleur, pour les personnes handicapées, n’y voyez aucune leçon de vie mais plutôt un témoignage au troisième degré et une bonne dose de rires. Croizon nous laisse en beauté. Il continuera à faire le zouave et à expérimenter tout un tas de choses. Il ne dira plus « à cause de mon handicap  » mais «  grâce à mon handicap »


C'est le sixème ouvrage de Philippe Croizon, en librairie le 24 mai

" Pas de Bras pas de chocolat "

Editions de l'Opportun 12€