Présidentielle 2017
17 personnalités interpellent les candidats sur le handicap
12 millions de personnes, soit 18% des Français sont en situation de handicap, sans compter les proches, les aidants et les professionnels. Le handicap est pourtant absent de la campagne électorale. Le collectif rassemblé à l’initiative de Philippe Croizon, l’aventurier amputé des quatre membres, évalue à près de 50% la part de la population française concernée par le handicap. « Un vaste enjeu de société », relève le communiqué, qui déplore le peu de réponses apportées par les candidats à la présidentielle.
« Candidats, que faites-vous pour le handicap ? »
16 personnalités, touchées par un handicap ou celui de leur enfant, s’engagent aux côtés de Philippe Croizon pour interpeller les candidats dans une lettre ouverte. Nous en publions les propositions ci-dessous.
L'artiste Grand Corps Malade, le comédien Dominique Farrugia, la sprinteuse Marie-Amélie Le Fur, la journaliste Eglantine Eméyé et tous les autres, se mobilisent pour dénoncer les « obstacles incessants auxquels sont confrontés les personnes en situation de handicap » et proposer « des solutions pragmatiques et faciles à mettre en œuvre ». En particulier, leurs propositions visent à l’intégration des personnes handicapées « au milieu » de la société.
1 - Ressources : halte à la précarité !
1 million de personnes environ perçoivent l’allocation adulte handicapé (AAH), plafonnée à 808 euros par mois pour une personne seule ; ce montant en dessous du seuil de pauvreté ne permet pas à ses allocataires, qui ne sont pas en mesure d’accéder à l’emploi, de vivre décemment.
Que faire ?
Réévaluer substantiellement le montant de cette allocation mais également dissocier son attribution des revenus du conjoint afin de ne pas faire peser sur le couple une solidarité qui doit être assumée par l’État.
2 - Accueil: en finir avec l’exil !
Près de 8 000 adultes et enfants sont exilés en Belgique, loin de leur famille, faute de places dans les établissements médico-sociaux de notre pays, nourrissant l’emploi local avec des financements français. Par ailleurs, pas moins de 47 000 personnes restent sans solution de prise en charge.
Que faire ?
Proposer des solutions d’accueil en France innovantes et, surtout, favoriser les options alternatives qui visent à la « désinstitutionnalisation », par exemple des petites unités avec un accompagnement personnalisé qui permet à chacun de vivre au cœur de la cité. Une option plus sociale et moins coûteuse.
3 - Accessibilité: 40 ans d’immobilisme !
Une première loi en 1975, consolidée en 2005. Au 1er janvier 2015, tous les établissements recevant du public devaient être accessibles à toutes formes de handicap. Elle n’a pas suffisamment été suivie d’effet, ce qui a contraint le gouvernement à fixer de nouveaux délais allant, dans certains domaines comme les transports, jusqu’à 9 ans. Une attente insupportable pour les personnes concernées.
Que faire ?
Faire appliquer la loi, une fois pour toutes, tout en intégrant les réalités du terrain et les contraintes des petits exploitants et commerces. Etre ferme, force de propositions, sans systématiquement brandir la sanction. Réinterroger le système sur certains points en imaginant, peut-être, des pistes nouvelles et une notion d’accessibilité partagée (par exemple des toilettes adaptées à distance raisonnable les unes des autres dans les espaces publics). Plus globalement, promouvoir la notion d’accessibilité universelle qui permet au plus grand nombre d’accéder à un environnement facilitant.
4- Scolarité : inclusion à géométrie variable !
L’école de la République a le devoir d’accueillir tous les élèves en situation de handicap. Or, par manque de moyens, d’AVS (auxiliaire de vie scolaire) et de formation des enseignants, des milliers d’enfants restent à la porte de l’école ordinaire.
Que faire ?
Renforcer la formation des AVS et augmenter leur nombre. Et surtout proposer aux enseignants des formations initiales ou continues dignes de ce nom pour leur permettre de mieux appréhender l’accueil des élèves à besoins spécifiques.
5- Emploi : un chômage galopant !
Le taux de chômage des personnes handicapées atteignant 20 % est deux fois supérieur à la moyenne nationale. Par ailleurs, les fonds pour l’emploi (Fiphfp et Agefiph) qui leur sont dédiés sont à l’agonie et ne pourront plus, d’ici moins de deux ans, assurer leur mission d’accompagnement dans l’emploi.
Que faire ?
Revoir la formation des personnes handicapées et son environnement. Passer à un système de contribution pérenne où tous les employeurs, indépendants et pourquoi pas salariés cotiseraient sur le modèle d’une assurance sociale fondé sur le fait que tous pourraient en avoir besoin un jour. 80 % des handicaps apparaissent au cours de la vie.
Les signataires : Philippe Croizon, Grand Corps Malade (artiste), Dominique Farrugia (réalisateur, comédien, producteur), Guillaume Bats (humoriste), Gilbert Montagné (chanteur), Eglantine Eméyé (animatrice, journaliste), Josef Schovanec (philosophe), Krystoff Fluder (comédien), Grégory Cuilleron (cuisinier), Marie-Amélie Le Fur (athlète), Michaël Jérémiasz (entrepreneur social, consultant), Hugo Horiot (comédien, écrivain), Françoise Rudetzki (membre du CESE), Adda Abdelli (comédien, scénariste), Sophie Vouzelaud (comédienne), Laetitia Bernard (journaliste), Didier Roche (entrepreneur).
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