we carry kevan

We Carry Kevan : un voyage à dos d'hommes à travers l'Europe

Un sac à dos sur mesure pour porter Kevan à travers l'Europe
Un sac à dos sur mesure pour porter Kevan à travers l'Europe
Un jeune Américain en situation de handicap moteur va partir à la découverte de l’Europe, l’été prochain, grâce à ses amis qui vont le porter dans un sac à dos spécialement conçu à cet effet.

Kevan Chandler a 29 ans. Il est écrivain et en fauteuil roulant du fait d’une dystrophie musculaire. Il y a quelques années, ses amis ont décidé d’explorer les égouts de la ville de Fort Wayne. Impossible d’y emmener leur ami dans son fauteuil roulant. Les amis mettent donc au point un sac à dos pour le transporter et un vendredi soir, ils l’emmènent faire un tour à dos d’homme dans les souterrains de leur ville.

 

Le projet We Carry Kevan


Il y avait beaucoup d’endroits que Kevan voulait visiter en Europe mais ils n’était pour la plupart pas accessibles en fauteuil. Le jeune homme propose donc à ses amis de réitérer l’expérience du sac à dos mais à plus grande échelle. Le groupe accepte immédiatement et c’est ainsi que le projet We Carry Kevan (« On porte Kevan ») voit le jour.

Ces cinq aventuriers en herbe ont lancé un crowdfunding pour récolter l’argent nécessaire et ont mis au point un nouveau sac à dos qui accueillera Kevan pour le voyage.

Au programme : Samois-sur-Seine, au sud de Paris, où Djengo Reinhardt passait ses hivers. Le guitariste de jazz représente une grosse influence pour Kevan puisque sa malformation à la main l’a amené à créer une nouvelle façon de jouer de la guitare. Il lui a appris à « ne pas laisser le handicap ou les challenges vous plomber mais repenser où vous êtes, ce que vous pouvez faire et comment vous voulez faire les choses ou comment vous pouvez faire les choses. » Le groupe de Kevan a prévu de rester une semaine à Paris pour visiter la ville et aller au festival Djengo Reinhardt qui a lieu au même moment.

Puis direction l’Angleterre où les amis vont visiter Londres mais aussi explorer les alentours, marcher, randonner pour permettre à Kevan de voir le pays qui a inspiré beaucoup de ses auteurs préférés (G. K. Chesterton, J. M. Barrie).

La troupe terminera son périple en Irlande, à Dublin, sur la côté sud, et sur l’île de Skelling Michael sur laquelle se trouve un monastère datant du sixième siècle après Jésus Christ. Un endroit qui aurait été inaccessible pour Kevan, avec ses 670 marches à gravir.

Un programme chargé donc, mais Kevan précise qu’ils ont eu soin de prévoir du temps libre « pour voir ce qui se passe et laisser l’aventure advenir ».


Un projet artistique ?


Le voyage devrait donner lieu à un livre et à un documentaire. Kevan tient un journal depuis le début de l’aventure ; il veut écrire un récit sur le voyage et l’expérience de la vie en communauté, mais aussi peut-être, sur sa capacité à gérer son handicap.

Kevan et ses amis sont tous des artistes et le jeune Américain admet :  « qu’il faut effectivement un esprit créatif pour réaliser ce projet. On peut dire qu’on pense un peu en dehors des cadres, on manie l'abstraction, on innove, on fabrique des choses. Je dirais que c’est effectivement une entreprise créative et que notre désir de faire ces choses vient de notre créativité. »

Kevan n’a jamais publié de livre sur le handicap mais ce voyage sera peut-être l’occasion de le faire. Comme il le dit : « Je ne peux pas faire ce voyage tout seul, j’ai besoin de mes amis pour que ça ait lieu et donc je pense que c’est un message pour tout le monde parce qu’au final on est tous handicapés d’une façon ou d’une autre, certains handicaps sont juste plus évidents ou plus extrêmes que d’autres et donc on dépend vraiment tous les uns des autres. »

Et d’ajouter que : « Je pense que ça va aussi ouvrir beaucoup d’occasions pour moi de voir les choses avec lesquelles je suis le moins à l’aise quand il s’agit de mon handicap, mon désir d’indépendance et mes perspectives sur ma situation. Ce sera sans doute difficile mais j’ai hâte de découvrir tout ça au plan personnel et en le partageant dans un livre. Parce que je pense que quand on vit dans une routine on a toujours des challenge mais on devient aussi très à l’aise avec beaucoup de choses, donc ce voyage sera aussi plein d'émotion et spirituel puisque je serai hors de ma zone de confort, avec mon handicap, et il faudra me demander comment je le vois maintenant, comment je le gère et comment les gens autour de moi le gèrent. Donc … Ce sera intéressant (rires)».


Sortir de sa zone de confort


A Fort Wayne, dans l’Indiana, Kevan Vit avec trois colocataires qui l’aident dans sa vie de tous les jours. Ils ont une maison et il y a dix ou douze bénévoles qui viennent l’assister dans les actes quotidiens de sorte qu’il ne dépend pas des aides de l’Etat. Il a donc beaucoup d’indépendance ; il vit près du centre-ville qui est très accessible, il connaît tout le monde et peut circuler facilement. « Je pense que j’ai beaucoup de liberté pour circuler et faire ce que je veux ici, à Fort Wayne, » explique-t-il, « mais pour le voyage en principe on ne va pas emmener mon fauteuil,  et donc en gros je serai dans le sac à dos tout le temps ou assis, quelque part, mais je ne serai pas en fauteuil roulant donc je ne pourrai pas aller et venir tout seul, je serai tout le temps complètement dépendant des autres et je pense que ça va être une situation difficile ; ça va me donner une autre perspective.  »

 

Le crowdfunding


Les cinq amis se sont donnés un objectif de 35 000 dollars pour tous les frais de voyage, de logement, mais aussi de tournage. Aujourd’hui ils ont dépassé les 29 000 dollars.  « C’est vraiment super parce que ce ne sont pas des gens qui nous envoient des milliers de dollars, c’est juste 20 ou 50 dollars, des petites sommes, ce qui veut dire que beaucoup de gens investissent dans le projet et c’est vraiment ce qu’on voulait. », explique Kevan, « Notre désir depuis le début ce n’était pas de lever des fonds mais de construire un public (…) et on a été vraiment épatés par le nombre de personnes qui se sont enthousiasmés et se sont investis dans le voyage. »