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La recherche sur les embryons divise la France

Un scientifique travaille sur des cellules souches.
Un scientifique travaille sur des cellules souches.
Le Sénat a adopté en décembre dernier un texte autorisant la recherche sur l’embryon et les cellules souches. Aujourd’hui, la fondation Jérôme Lejeune lance une campagne de sensibilisation contre ce qu’elle interprète comme une "recherche immorale et inutile".

Une grande victoire pour le Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). Ce parti, à l’origine de la proposition de loi visant à autoriser la recherche sur les embryons, a été fortement appuyé par les partis de gauche lors du vote au Sénat dans la nuit du 4 au 5 décembre 2012. La recherche sur les cellules souches avait été interdite lors de la révision de la loi en 2004 (renouvelée en 2011).

Une division politique

Dans ce domaine, la gauche et la droite se livre une intense bataille parlementaire. Jean-François Copé était monté au créneau : "Ce projet de gauche est un renversement complet de la logique actuelle du Code civil qui garantit le respect de la vie et de la dignité humaine". Ce à quoi avait répondu la ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso, en déclarant : "Ce texte permettrait d’asseoir notre recherche et de poser des principes clairs, il s’agit d’une avancée majeure, attendue par nos chercheurs".

 

Alors que l’opposition ne manque pas d’arguments, les parlementaires de gauche peuvent compter sur le soutien du Président de la République, François Hollande, qui s’était avancé sur ce sujet en 2011, lors de sa campagne. A l’époque, il avait précisé que ces recherches seraient "encadrées pour éviter toute marchandisation du corps humain". Pour Dominique de Legge, sénateur UMP, c’est "un revirement à 180 degrés". Ce dernier, comme tous les opposants à la recherche sur les embryons, s’appuie sur les travaux du prix Nobel de médecine 2012, Shinya Yamanaka, sur les cellules adultes reprogrammées comme des cellules embryonnaires.

"Un pilier de la bioéthique ne doit pas tomber en un éclair et dans l’indifférence !"

Spécialisée dans la recherche, la Fondation Jérôme Lejeune, proche des milieux catholiques, fait partie des opposants ; à l’origine d’une campagne choc sur leur site "3 clefs pour comprendre et agir", la fondation de Jérome Lejeune, premier financeur de la Trisomie 21 en France, souhaite que la recherche sur les embryons reste interdite sur le territoire. Alors que le texte va être étudié par l’Assemblée Nationale le 28 mars 2013 (journée réservée au groupe radical de gauche), les opposants passent par les moyens connus pour se faire entendre. Réseaux sociaux, pétitions, tracts. Pour la fondation "un pilier de la bioéthique ne doit pas tomber en un éclair et dans l’indifférence. Il n’est jamais trop tard pour dire non". A l’instar de la situation aux Etats-Unis, les conservateurs religieux sont très présents dans cette lutte, à la fois politique et éthique.