Politique sociale

Royaume-Uni : critiques de la gauche contre la politique handicap de David Cameron

Un manifestant anglais, se cachant le visage avec un panneau où est écrit "Atos kill for profits" (Atos tue pour des profits).
Un manifestant anglais, se cachant le visage avec un panneau où est écrit "Atos kill for profits" (Atos tue pour des profits).
Les Jeux paralympiques ne seraient qu’un «leurre», « un écran de fumée », selon le journal The Independent. Le gouvernement de David Cameron orchestrerait en réalité une politique dure envers les personnes handicapées et malades, considérées comme des parasites, selon le quotidien anglais.

L a réalité rattrape le fastueux rêve des Paralympiques, The Independent s’y attèle, en tout cas. Selon le journal anglais, le gouvernement Cameron s’en prendrait systématiquement aux droits des personnes malades ou handicapées. L'aide financière de l'Etat retirée, une vie autonome refusée, des personnes agressées ; une longue litanie que l’on peut lire dans le journal. La  réforme de la protection sociale provoquerait des sentiments « suicidaires chez les handicapés », avertissait Keith Robertson, du Scottish Disability Equality Forum.

Atos, le couperet des allocations …

Le paradoxe des Jeux, relève The Independent, tient dans leur organisation même ; cette année, à Londres, ils sont "sponsorisés" par Atos, la société qui par ailleurs a conçu un logiciel d'évaluation des capacités pour l'attribution des aides aux personnes déclarant un handicap. Celles qui obtiennent moins de 15 points sont jugées « aptes au travail » et ne peuvent alors pas bénéficier de l'allocation pour l'emploi ni de soutien pour leurs recherches de travail (Employment and Support Allowance, ESA).


L'organisation caritative "Mind" dénonce « ces évaluations qui ne répondent pas à l'objectif et leur effet négatif sur les personnes atteintes de troubles mentaux  ». Autre problème récurrent dans ce système, de nombreuses personnes gravement malades sont également jugées aptes au travail. La médaillée d'or des Paralympiques, Tara Flood, résume parfaitement ce malaise, « le scandaleux paradoxe est que le principal sponsor de Londres 2012 soit Atos, celui-là même qui détruit la vie des plus vulnérables, pour le compte de l'Etat  ».


Des invalides sont poussés au « suicide et à la mort  », dénonce Linda Burnip, de l'association Disabled People Against the Cuts (DPAC). Une affirmation appuyée par une évaluation de Freedom of Information selon laquelle 32 personnes meurent chaque semaine après que le couperet de l'évaluation soit tombé sur elles. Des chiffres macabres : en 2011, 1100 demandeurs d'aide sont décédés après avoir été rangés dans la catégorie « activité professionnelle  ».

accompagné d’autres coupes budgétaires...

Le gouvernement souhaite continuer sur cette lancée, affirme le journal anglais ; dans son viseur, la fin des versements de la Disability Living Allowance (qui concerne 500 000 personnes au Royaume-Uni). Nouveau paradoxe dans ces choix de gestion : de nombreux athlètes handicapés anglais ont pu participer aux entrainements grâce à cette aide. A ces coupes, s’ajoute l'aide aux 21 000 personnes lourdement handicapées, supprimée à l'horizon 2015. Résultats, des invalides risquent de se retrouver isolés chez eux, incapables de mener une vie indépendante.


Principales raisons évoquées : l’austérité et la lutte contre les fraudes aux allocations. Ici encore, un paradoxe est dénoncé, que ne manque pas de relever The Independent ; la fraude représente 1 % des sommes totales distribuées, or, les objectifs affichés du gouvernement Cameron visent une réduction d'un cinquième les dépenses sociales.

… justifiées par la fraude et le dénigrement

Alors comment David Cameron, Premier ministre anglais, s'y prend-il pour faire passer ses réformes dans l’opinion publique ? Une campagne de dénigrement ! Quoi de plus simple, que de créer un coupable, une « tête de turc  », pour expliquer la crise économique. Ce sont les fraudeurs, ergo, les handicapés. Ainsi, The Sun transmet ainsi le message, parlant dans ses colones de la « croisade en vue de mettre un terme aux scandaleuses fraudes aux prestations sociales, qui sapent ce pays  ».