Maladie de Crohn

Tout est bon dans le cochon, même ses vers intestinaux

La maladie de Crohn est une maladie intestinale
La maladie de Crohn est une maladie intestinale
Une proposition qui n’a rien pour plaire ; ingérer des œufs de vers intestinaux pourrait aider à lutter contre la maladie de Crohn. C’est la conclusion d’une société américaine, Coronado Bioscience, qui démarre ce traitement dès le mois de septembre.

A valer des œufs issus d’un parasite du porc : une voie thérapeutique explorée sérieusement contre la sclérose en plaque ou la maladie de Crohn. Un essai commence ce mois-ci aux États-Unis avec les œufs d'un petit ver, le « Trichuris Suis  ». Dans le tube digestif des porcs, ce ver minuscule est capable de se reproduire, mais ce ne serait pas le cas chez l'homme où il meurt après environ deux semaines. D'où le choix de ce parasite par la société américaine Coronado Bioscience.

7500 œufs toutes les deux semaines

Une centaine de patients atteints de la maladie de Crohn devront donc avaler une cuillère à café d'une une solution contenant 7500 œufs du parasite, toutes les deux semaines pendant trois mois. La dose, déterminée grâce à un premier essai sur 36 malades, ne crée pas de problèmes de tolérance.


 «C'est une idée qui repose sur de nombreux arguments solides», explique le Pr Pierre Desreumaux, chef de projet en immunologie à l’université de Lille-2. « Cela fait une vingtaine d'années que l'on s'est aperçu qu'il y avait moins de maladies auto-immunes dans les pays où sévissent le plus de parasites et de maladies infectieuses » poursuit le chercheur. Paradoxalement, d'un point de vue immunologique, un parasite ne serait donc pas toujours une mauvaise chose pour celui qui l'héberge.

Des bienfaits, mais une panoplie d’obstacles

Un précédent existe. En 2005, l'Américain Joel Weinstock parvient à obtenir une rémission pour 21 sur 29 patients atteints d'une maladie de Crohn, grâce à l'administration des œufs de ce parasite de porc.


Le professeur Capron, chef du service d’immunolgie du CHU de Lille, reste sceptique sur les tests avec des parasites vivants : «Le risque que le parasite se développe chez certains patients receveurs n'est pas totalement à exclure, cependant que la production en masse et reproductible d'œufs de parasites est loin d'être aisée.» Même prudence du Pr Desreumaux : «Une parasitose intestinale, ce n'est pas grave mais si les parasites vont au poumon ou au cerveau, c'est autre chose. »


Le plus dur étant d’avaler les œufs au petit déjeuner pour les patients.