Sexualité

Des formations pour assister sexuellement des personnes handicapées

Le 15 juillet, les associations CH(s)OSE et Corps Solidaires ont remis à 7 assistants sexuels leur « certification » après un an de formation. Ces personnes pourront donner des prestations à des personnes ayant des difficultés physiques. Une pratique qui s’attaque à un tabou : celui de la sexualité des personnes handicapées.

Ils sont sept, six femmes et un homme, à avoir suivi une formation franco-suisse de cent heures pour devenir assistants sexuels. Tous ont entre 40 et 55 ans, ont une situation professionnelle stable et ont été confrontés à titre personnel ou professionnel au handicap. Pour obtenir le diplôme donné par les associations, ils ont appris le nécessaire sur les formes de handicap, le contexte juridique, la sexologie, tout en réfléchissant sur l’éthique, leur propre motivation…  Avec, en guise d’examen, une prestation en conditions réelles avec un bénéficiaire volontaire non novice.

 

L’assistance sexuelle : un moyen de combler un vide

 

L’assistance sexuelle se définit comme « une attention sensuelle, érotique et/ou sexuelle à une personne en situation de handicap ou à permettre, à leur demande, l’acte sexuel à deux personnes qui ne peuvent pas l’accomplir sans aide ». Mots d’ordre : respect, consentement éclairé, relation humaine. Il s’agit de donner la possibilité aux personnes en situation de handicap qui le souhaitent de recourir à ces services. L’assistance sexuelle est encore peu développée en France, mais fait déjà des heureux. Patricia, incapable de bouger les bras et les jambes à cause de l’arthrogrypose, témoigne que ces services la rendent « heureuse, en confiance », et améliorent son estime de soi. Pour elle, l’assistance sexuelle a même le pouvoir de « sauver des vies », en comblant un manque affectif et charnel.

 

Une formation encadrée où chacun fixe ses limites

 

Cette formation étant basée sur le volontariat, chaque candidat choisit ses modalités. Ainsi, il est parfaitement possible de refuser certaines pratiques sexuelles, voire de se limiter à de simples étreintes. Parmi les sept diplômés, trois acceptent les relations avec des partenaires du même sexe.

L’argent, même s’il fait partie du système, n’est évidemment pas la motivation des candidats. Leur nouvelle activité, qui ne représente que quelques séances par mois, leur rapportera beaucoup moins que leur travail.  Comme l’explique une des diplômées : « la rémunération, c’est une nécessité pour mettre une distance entre les personnes et moi ». Sa décision « est le fruit d’un long cheminement, de rencontres », elle qui s’est redécouverte lors d’une relation avec un homme paraplégique. Pour ce travail, elle souhaite simplement séparer militantisme et vie privée : « je préfère garder l’anonymat par rapport à mes enfants qui ignorent cette activité et cette nouvelle vie professionnelle. C’est important de cloisonner. Je mènerai cette nouvelle activité d’assistance sexuelle en parallèle de mon métier actuel dans la fonction publique. Mon compagnon est bien évidemment au courant. C’est d’ailleurs l’un des critères d’admission pour ceux et celles qui sont en couple. »

 

Un acte militant contre le tabou de la sexualité des personnes handicapées

 

A travers ces formations, les associations CH(s)OSE et Corps Solidaires militent pour « un droit effectif à une vie sentimentale et sexuelle des personnes handicapées ». Un droit qui n’est pas encore bien pris en charge en France selon elles. En effet, l’assistance sexuelle est, à défaut d’avoir un statut juridique particulier, rattaché au régime général de la prostitution. Ce qui signifie que les « clients » peuvent, en théorie, recevoir une amende (cela ne s’est jamais produit pour l’instant). Les associations proposant ces services pourraient être aussi poursuivies pour proxénétisme, même si elles n’en tirent aucun profit financier.