ITEP

L'ITEP de Combourg fête ses 20 ans

Pour célébrer les 20 ans de l’Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique de Combourg, des anciens élèves sont venus partager leurs souvenirs, leur parcours, et témoigner de ce qu’ils ont vécu pendant les années passées dans cet institut

« Tu finiras en prison », ce sont les phrases qu’ont entendu certains de ces jeunes lorsqu’ils étaient à l’école, avant d’intégrer l’Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique de Combourg. Ouvert en 1997, il accueille des jeunes ayant des troubles du comportement qui les empêchent de suivre une scolarité classique.

Le 10 juin, pour fêter ses 20 ans, l’Institut a fait revenir dans ses locaux des anciens élèves qui se sont remémorés ces années passées dans cet établissement. Educateurs, parents d’élèves et élèves se sont retrouvés autour de trois tables rondes pour retracer le parcours de ces « anciens jeunes » qui sont passés à un moment par ce « petit univers séparé du reste du monde » qu’est l’ITEP de Combourg.  

                                               

« J’ai fait le con à l’école » Dylan, 15 ans

 

On n’arrive pas en ITEP par hasard. Les jeunes qui arrivent dans ce type d’établissement souffrent de troubles du comportement. Cela peut s’exprimer de différentes manières en prenant la forme d’insultes à l’encontre des professeurs, de violence, ou de bavardages continuels pendant les cours.

Dylan a 15 ans. Il a intégré l’ITEP de Combourg il y a 2 ans. Il avait des troubles comportementaux en cours de français. Il lançait sur les autres élèves des chaises et des tables. Il regrette aujourd’hui : « j’ai fait le con à l’école et je me suis fait virer de l’école ».

Les directeurs d’établissements scolaires et les professeurs sont bien souvent désemparés face à ces jeunes difficilement contrôlables. Les parents des autres élèves se regroupent parfois pour virer des établissements ces enfants qui « foutent le bordel ». C’est ce qui est arrivé à Jérémie. Agé de 24 ans aujourd’hui, il se souvient de l’enfant violent qu’il a été à l’âge de 7 ans : « Les parents d’élèves ne voulaient plus de moi à l’école. Ils ont fait une pétition contre moi. Mes parents ont eu le choix entre m’envoyer devant le juge pour enfant, ou sinon en ITEP  ».


 

Dans ces cas, la solution est d’intégrer un ITEP. Mais Isabelle, maman d’un enfant qui est passé dans un ITEP, regrette-le manque de communication sur l’existence de ce type d’établissement et le manque de places : « On n’est pas assez mis au courant des solutions possibles pour les enfants difficiles. La directrice voulait envoyer mon fils en ITEP, j’étais d’accord, mais il n’y a pas de place. J’ai attendu deux ans ».

 

« A 9 ans, c’est dur de quitter la maison, même si ça s’y passe mal » Anthony, 30 ans

 

En internat du lundi au samedi, la vie de ces jeunes changent totalement lorsqu’ils intègrent un ITEP. En classe de 9 élèves maximums, les éducateurs essayent de les intéresser à travers des sorties ou des ateliers. Pour Anthony, « un ancien de l’ITEP  », cet établissement  est « un petit univers séparé du reste du monde ». Jérémie a beaucoup apprécié les travaux manuels que les éducateurs lui proposaient : « je me souviens d’avoir fait de la petite menuiserie : une épée et un bouclier en bois ».



Evidemment, la séparation avec la famille s’avère souvent difficile. Autant pour les enfants qui se sentent « trahis » que pour les parents qui se retrouvent obliger de « déléguer l’éducation de leur enfant à d’autres personnes ». Mais le but de cette séparation est de réinstaurer un climat de confiance entre les enfants et les adultes. Tous l’affirment : lors de leur arrivé à l’ITEP, ils détestaient les éducateurs. Finalement, après quelques jours, ils « découvrent chez les éducateurs une autorité bienveillante » et deviennent très proche d’eux comme ce fut le cas pour Anthony et Tommy qui en gardent d’excellents souvenirs.

 

« Je suis fier de ce que je suis devenu » Alexandre, 30 ans

 

10 ans, 15 ans, ou 20 ans après, ces jeunes qui sont devenus des hommes, sont fiers de ce qu’ils sont maintenant. C’est le cas d’Alexandre : « J’étais très violent, très insultant, je faisais ma petite loi, je tapais tout le monde, j’avais 10 ans. Aujourd’hui j’en ai 32, je suis installé à mon compte en peinture et j’ai un petit garçon. Je suis épanoui ».



Aurélien, lui, est passé par "la case prison" à un moment de sa vie. Mais, le fait de se remémorer son parcours au sein de l’ITEP lui a permi de s’en sortir. Tout cela lui parait très loin, lui qui est dorénavant tailleur de pierre à son propre compte.

Mais le soulagement et la fierté sont également chez les parents. Isabelle, la maman d’un jeune qui est passé par l’ITEP de Combourg, a aujourd’hui « un super gamin » dont elle est très fière.


L'intégralité des trois tables rondes est à retrouver ici, ici, et ici.