Maltraitance

Des personnes handicapées mentales maltraitées dans des centres hongrois

Un patient attaché à un lit
Un patient attaché à un lit

Une ONG de défense des personnes en situation de handicap mental dénonce la malnutrition et des cas de torture survenus dans des centres étatiques hongrois. Elle présentait son rapport hier devant la Commission européenne.

Malnutrition, abandon, punitions, 220 enfants et adultes subissent tous les jours ces traumatismes dans l’établissement Tophaz, à 30 km, au nord de la capitale Hongroise. C’est ce que révèle l’ONG Mental Disabilities Advocacy Centre dans le rapport qu’elle a présenté, hier, devant la Commission européenne dans l’espoir que des sanctions soient prises à l’encontre de la Hongrie.

Dénutrition, abandon et punition

Lorsque des membres de l’ONG pénètrent dans le centre le 18 avril derniers, ils découvrent des patients livrés à eux-mêmes. Ils sont nombreux à présenter des troubles comportementaux en lien avec l’isolement qu’ils subissent. Ils se balancent, mâche leurs vêtements et souffrent du manque d’attention de la part du personnel.

patient dans un lit

Des personnes ont des marques visibles de malnutrition. Les adultes sont traités comme des enfants, ils sont nourris au biberon et n’ont pas toujours l’autorisation de se déplacer. Les camisoles sont courantes ainsi que les lits auxquels ils sont attachés, lorsque ce n’est pas directement à leur fauteuil. De ce fait, les muscles s’atrophient chez certains patients. L’ONG mentionne également que les personnes handicapées ont souvent des plaies sur le corps ou le visage qui ne semblent pas être traitées. La provenance de ces plaies reste inconnue mais il se pourrait qu’elles soient la marque de maltraitances physiques.

Patient sur un lit

Le Mental Disabilities Advocacy Center suspecte fortement le personnel de l'établissement de faire subir des pratiques punitives à leurs patients. Violences sexuelles, enfermement, coups, ou la prise de douches gelées tout habillé, sont mentionnés dans le rapport.

Les autorités hongroises au courant

En novembre 2016, l’ONG avait essayé de pénétrer dans ce centre de God. Mais l’accès leur avait été interdit. Seul une élue hongroise d’opposition avait pu rentrer et admirer une mise en scène selon ses propos. Le fait qu’on lui interdise l’accès a amené l’ONG à avoir des doutes sur le traitement réservé aux personnes handicapées dans ce centre. C’est grâce à un complice que le 18 avril dernier ils ont réussi à pénétrer dans l'établissement et constater qu’effectivement leurs doutes étaient fondés.

Essayant de cacher ce centre, il semble évident que le gouvernement hongrois est au courant de ce qui se trame dans cet établissement. Plus grave, l’ONG souligne que cet exemple est sûrement un exemple parmi tant d’autres. Depuis 2011, la Hongrie est censée fermer ces centres d’accueil de l’ère communiste, pour les remplacer par d’autres structures plus modernes. Mais le changement s’opère trop lentement selon l’ONG qui demande, en plus, à l’Office européen de lutte antifraude de mener une enquête sur l’utilisation des fonds européens donnés au gouvernement hongrois pour moderniser ces lieux d’accueil.

En Hongrie, il y a environ 20 000 personnes, souffrant d’un handicap mental, qui sont placées dans des centres similaires à celui de God. Autant de personnes potentiellement maltraitées selon l’ONG.