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Info Vivre FM : Marianne Montchamp : "Pourquoi je soutiens Nicolas Sarkozy"

Marianne Montchamp lors de la Conférence Nationale du Handicap de 2012
Marianne Montchamp lors de la Conférence Nationale du Handicap de 2012
L'ancienne ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy qui avait été en charge du handicap, Marianne Montchamp s'engage dans les primaires de la droite et du centre aux cotés de Nicolas Sarkozy. Elle explique pourquoi elle a choisi de défendre l'ancien Président de la République.

Vincent Lochmann : Marianne Montchamp, vous avez été au gouvernement dans l’équipe de Jacques Chirac puis avec celle de Nicolas Sarkozy, dans les deux cas pour prendre en charge les questions de handicap. Aujourd’hui vous choisissez de soutenir Nicolas Sarkozy pour l’élection présidentielle ? Pourquoi ce choix ?

Marianne Montchamp : C’est une longue histoire qui est la mienne avec Nicolas Sarkozy que j’ai évidement rencontré avec qui j’ai travaillé tout au long de la vie politique. Le cap, je l’ai franchi à partir du moment où j’ai fait partie de son dernier gouvernement sur la période 2010-2012. C’était une période qui était difficile : les soubresauts de la crise de 2008 étaient toujours présents, c’était une fin de quinquennat dans une France déjà très complexe et très chahutée par les mouvements qui aujourd’hui caractérise la situation de notre pays et j’ai pu voir et sa solidité et sa détermination pour notre pays jusqu’au bout jusqu’aux dernières minutes de ses responsabilité et c’est là que cette conviction s’est forgée chez moi.


VL Vous êtes spécialiste des questions handicap et sociales. Sur ce domaine là, pourquoi Nicolas Sarkozy ?

MM : Je crois que ce que nos compatriotes exigent de nous, c’est le réalisme. La France de 2016 et au delà, est une France qui est terriblement bouleversée, qui connait des mouvements terribles qui lui viennent de l’extérieur, qui lui viennent de ses propres fragilités qui naissent de la société française. Comment imaginer construire une politique sociale soutenable, durable, qui tienne ses promesses si on ne prend pas comme préalable cette volonté de redonner à notre pays, sa juste place ? Je crois que c’est le préalable : comment imaginer une politique sociale si les finances publiques ne sont pas soutenables ? Comment dire, les yeux dans les yeux, à  nos compatriotes : « Nous sommes capable d’organiser une politique de protection sociale  » si les attaques contre les fondamentaux de la société française par les communautarismes, par la rancœur et la violence sociale ne sont pas définitivement éradiquées. Je crois que c’est cette approche, sans doute difficile, qui n’a pas forcement chatoyante dans l’expression publique, mais qui est l’expression de la force du réalisme en politique que l’ont peut soutenir l’idée d’une véritable ambition sociale pour notre pays.


VL Le réalisme justement, dans l’émission « Des paroles et des actes » le 4 Février dernier Nicolas Sarkozy dit « les normes on n’en peut plus et il s’en prend en particulier aux normes de l’accessibilité pour le logement. Ce serait ça le réalisme ?

MM : Le réalisme c’est tout simplement de rendre la société française accessible et de le faire, non pas dans une logique partisane d’un camp qui s’opposerait à l’autre d’un camp qui s’opposerait à l’autre celui des « pro » et celui des « contre » mais en trouvant les voies et moyen de le faire. Dans le soutien à un candidat il y a aussi l’ambition qu’on porte soi-même. Moi l’ambition que je porte, c’est d’amener ma famille politique et singulièrement Nicolas Sarkozy a appréhender aussi la spécificité de la question sociale et la spécificité de la politique du handicap. La droite n’a pas à rougir sur ce terrain là. Nous avons, avec les associations, avec les personnes en situation de handicap, construit un corpus de valeurs qui a été chahuté dans le quinquennat de François Hollande. Moi, ma contribution ce n’est d’être un fan béat qui dit « Vive Nicolas Sarkozy » à tous les coins de rue. Ce n’est pas ça l’idée, c’est d’engager dans ma propre famille ces réformes qu’il nous faut poursuivre. C’est à la clé de ces réformes-là que l’on pourra revisiter de façon sereine la question de l’accessibilité généralisée. Moi, je n’ai pas changé d’un iota et je crois qu’il faut avoir une ambition plus forte c’est une société française qui comprend ces enjeux et pas simplement au sein des associations de personnes en situation de handicap.


VL Dans son livre « tout pour la France » qui sort ce mercredi, Nicolas Sarkozy dit « les français sont prêts à accepter des remise en cause qui auraient été inimaginables par le passé » Est-ce que par exemple remettre en cause les grands principes du handicap par exemple l’accessibilité, au nom de la simplification des normes, ou pourquoi pas aussi les quotas d’emploi des personnes handicapées, est-ce que cela ferait partie des remises en cause qui sont aujourd’hui sur la table ?

MM C’est tout l’inverse. L’impensé sur la question sociale du gouvernement de François Hollande a entrainé des remises en cause de fait. Elles sont insidieuses. Ces reculs, on les constate chaque jour. On ne les brandit pas dans une programmatique on n’oserait pas, mais on les constate on  les encaisse on les subit. C’est tout l’inverse. La société française doit être réconciliée : non au communautarisme, mais non à ces approches lobbyistes. C’est une société  française réconciliée avec elle même, ambitieuse, loin de ses rancœurs qui doit prôner l’accessibilité généralisée, qui doit prôner le soutien aux plus fragiles, qui doit prôner l’accès à l’emploi pour tous. Qui doit être, non pas dans l’assistance, non pas dans cette espèce d’approche caritative très méprisante au fond, mais dans la reconnaissance de la juste place de chacun d’entre nous avec sa contribution spécifique dans la société française. C’est ça ce projet et c’est pour cela que je rejoins Nicolas Sarkozy et que je me bats à ses cotés.


VL En 2012, lors de la dernière campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait eu des mots très dur contre ceux qu’il appelait « les assistés ». Vous comprenez qu’il y a des gens que ça a pu blesser ?

MM Je comprends que ceux qui se sont sentis concernés aient pu être blessés, mais la notion d’assistés qu’évoquait Nicolas Sarkozy ne s’adressait pas en aucune manière à nos compatriotes les plus fragiles, ce n’était absolument pas le sens du discours. On ne peut pas fragiliser le système social français une question de civilisation (comme il le dit lui même dans ces discours récents) On ne peut pas confondre le dévoiement du système social qui perd ses repères avec les éléments de principe sur lequel je suis engagée à ses cotés ceux de la protection sociale et le principe de protection des plus fragiles. De ceux qui ont besoin que la société française soit forte que l’identité française soit forte pour pouvoir effectivement bénéficier de la protection de tous.


VL Marianne Montchamp vous parlez de l’ « identité française », c’est un thème important développé dans le livre de Nicolas Sarkozy. Vous avez publié, vous, en 2012, un livre qui s’intitulait « A la gauche de la droite ». Avez vous changé Marianne Montchamp ?

MM Pas du tout, je suis restée la gaulliste sociale convaincue que j’ai toujours été. Ce gaullisme social, il se construit à partir de deux piliers qui sont très clairs dans mon esprit et que je retrouve dans la pensée de Nicolas Sarkozy : le premier pilier c’est la force de la France. La France ne doit pas devenir le supplétif des négociations internationales, la France doit prôner la régulation mondiale dans cette espèce de grande dérégulation généralisée, une France qui se reconnaît elle-même, qui sait ce que veut dire le mot France, par son histoire par son présent mais aussi en envisageant son avenir. Ça, c’est la dimension très sarkozienne de cette approche qui n’est pas éloignée d’une vision gaulliste. Le second pilier c’est la protection sociale. C’est consubstantiel de cette idée de France. C’est la caractéristique, le point commun, le trait d’union  dans notre histoire. La protection de nos compatriotes par système ambitieux, civilisationnel de protection sociale, et la place de la France dans le concert des nations constituent les deux fondamentaux d’un gaullisme social que je retrouve aujourd’hui et dans lequel je continue de m’engager.


VL Nicolas Sarkozy s’en était pris, en 2012 lors de la campagne, aux corps intermédiaires. Certains associations, certains syndicats se sont sentis visés Les associations qui défendent les personnes handicapées sont-elles des « corps intermédiaires ?

MM Je ne classe les associations dans les catégories des corps intermédiaires. Pour moi les associations sont les émanations directes du peuple français de nos compatriotes. Elles sont le système de représentation. Les corps intermédiaires se sont les tenants d’un système qui se protège lui même, qui fait obstacle, qui fait écran.  En matière sociale ce dont je suis absolument persuadée, c’est que sur bien des sujets, les corps intermédiaires brouillent les pistes, brouillent les cartes et maintiennent le système en l’état. Ça le je condamne avec une immense vigueur. Regardez ce que les associations ont permis de construire, regardez ce qu’elles apportent au débat, regardez ce qu’elle suggèrent. A vivre FM on le sait, les associations, c’est l’animation du débat publique, c’est la vitalité de la société française qui se pense, qui se régénère, qui milite. C’est la démocratie contemporaine, c’est la forme moderne de l’expression démocratique. Les corps intermédiaires, c’est tout autre chose : ce sont des organisations qui pensent à la place de nos compatriotes et qui expriment de manière descendante, normative, et parfois erronée ce qu’il serait bon d’apporter à nos compatriotes et qui souvent écrasent et méprisent les réalités du quotidien.


VL Les français ont envie d’un renouveau de la casse politique, Nicolas Sarkozy, est-ce le renouveau ?

MM Le renouveau en matière politique, en tout cas c’est comme ça que je comprends l’attente de nos compatriotes, c’est la prise en compte frontale du réel de la société française. Il y a, je le ressens chaque jour, dans la société française, une rancœur, une violence on la trouve dans les entreprises, dans des arythmies, dans des contradictions, dans des empêchements, dans des injonctions paradoxales. Ce n’est plus possible, cela mine la France et surtout cela conduit des acteurs communautaristes à prendre la main et à construire des influences qui fragilisent plus encore notre pays.


VL Nicolas Sarkozy est ce qu’on appelle une personnalité « clivante » : on est tout à fait pour ou on est tout à fait contre. Vous qui prôner la réconciliation, pourquoi ne pas soutenir d’autres personnalités de votre famille politique qui sont plus consensuelles ? Alain Juppé François Fillon sont moins clivants.

MM et pourquoi pas François Hollande qui aura passer un quinquennat à chercher à construire un consensus ? J’évoque le réalisme politique.  Les français savent que la situation de la société est particulièrement difficile. Ils en souffrent au fond d’eux mêmes et je pense que cette espèce de moyenne d’expression politique, de recherche du politiquement correct à tous les coins de rue, cet espèce de calcul politicien qui consiste à se dire que peut–être sur un malentendu, on rallierait des voix du camps d’en face parce qu’on n’aurait exaspérer personne par une expression aseptique… Tout cela n’a aucun sens aujourd’hui. Ce qu’il faut, c’est pousser au débat il faut dire ce que l’on a à dire, il faut s’exprimer, il faut s’engager il faut prendre des options, Les français jugeront, le peuple souverain tranchera. Il jugera. Moi c’est dans cet esprit que je me place

Je crois que l’impensé que nous avons tellement subit pendant les cinq derniers années, cette manière d’évacuer la question sociale, de la traite de façon subsidiaire a miné la société française et nous laisse dans cette impression de rancœur et d’insatisfaction générale. Ce n’est pas cela la France. Nos compatriotes rêvent de projets. Quand on les écoute, ils ont tous une idée précise pour conduire leur vie, pour aller de l’avant quelque soit leur situation. Les personnes en situation de handicap savent, mieux que personne, exprimer cette dimension du projet avec toutes les difficultés que cela comporte. Nous devons leur donner acte de cela et nous devons leur proposer une offre politique à partir de laquelle naturellement ils feront leur choix parce que cette offre sera claire, et ne sera pas une moyenne consensuelle.

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