Assistance sexuelle

Assistance sexuelle, qui sont les personnes handicapées qui la demandent ?

Les personnes avec un handicap moteur demande une assistance pour l'acte sexuel
Les personnes avec un handicap moteur demande une assistance pour l'acte sexuel
L’association pour la promotion de l’assistanat sexuel publie ce jeudi 17 mars une étude sur la demande d’accompagnement sexuel. En s’appuyant sur 180 demandes qui sont lui arrivées entre mars et décembre 2015, l’association dresse un portrait des demandeurs et de leurs besoins. Les personnes avec un handicap moteur sont les premiers demandeurs.

Ils ont de 18 à 94 ans, sont très majoritairement des hommes et ont le plus souvent un handicap moteur mais pas seulement. L’étude de l’association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (APPAS) montre la diversité des besoins d’accompagnement des personnes et exprime la détresse de certaines personnes ou de leur famille. En 9 mois, l'association affirme avoir reçu 180 demande soit une vingtaine par mois.

Des demandeurs âgées de 18 à 94 ans


Majoritairement des hommes

Les demandes qui sont parvenues à l’association viennent dans l’immense majorité de messieurs, les femmes ne représentant que 5% des contacts.

L'immense majorité des demandeurs sont des hommes

La demande féminine d’accompagnement sexuel concerne surtout la tranche d’âge entre  36 et 45 ans. Pour Marcel Nuss, ce chiffre très petit est un signe de maltaitance. Le président de l'APPAS explique que les femmes "à force d'être abusées vivent plus dans l'anxiété que dans le désir" (...) "Elles vivent repliées avec leur souffrance, et cela c'est terrible."


Marcel Nuss Président de l'APPAS

Le handicap moteur surreprésenté.

Les personnes avec un handicap moteur et qui donc peuvent avoir des difficultés pour bouger une partie de leurs corps représentent l’immense majorité des demandeurs quel que soit leur âge. Sur les 180 demandes parvenues à l’association, 134 ont des difficultés de motricité en raison d’une tétraplégie, d’une infirmité motrice cérébrale (IMC) d’une sclérose en plaque,…

Le handicap moteur est surreprésenté


Une demande forte : réaliser un acte sexuel.

Dans son questionnaire l’association a demandé à ceux qui souhaitaient faire appel à une assistance sexuelle quel était leur désir. La demande d’acte sexuel est la plus importante. Quelque soit la catégorie d’âge, le besoin d’acte sexuel arrive en tête. Mais dans les réponses d’autres désirs émergent également. Ainsi le besoin de câlin, de toucher, d’affection de tendresse est important. Les personnes souhaitent aussi pouvoir « retrouver confiance en elles ».


Pouvoir réaliser un acte sexuel est la principale demande des personnes qui sollicitent l'APPAS.


Parmi ses demandes, l’association raconte le cas d’un homme de 22 ans qui souhaite « Avant tout avoir un contact tactile avec une femme. ». Plus âgé un autre explique : « J'aimerais savoir ce que c'est d'être caressé et de caresser un corps de femme malgré mon handicap. J'aimerais si possible avoir des relations sexuelles. »

Certaines demandes vont plus loin : « Je voudrais avoir des rapports physiques même peu nombreux alors qu'il me reste encore des possibilités de me mouvoir. » explique un homme de 63 ans. Comme un appel au secours ce trentenaire écrit : « Je veux juste avoir la possibilité à 37 ans de découvrir ce qu'est un acte sexuel. »

Verbatim des demandes parvenues à l’association pour la promotion de l’accompagnement sexuel.

Demande formulée par une maman (pour son fils de 18 ans) :

« J'écris pour mon fils qui m'a demandé mon aide pour découvrir la masturbation. L'objet de ma demande n'est pas une relation sexuelle, juste une aide à la masturbation. C'est très compliqué pour une maman de recevoir ce type de demande, je savais que ce jour arriverait, mais ce n'est pas mon rôle, bien que je comprenne tout à fait sa demande. Mon fils entre en classe de terminale, il vit chez nous, il peut recevoir. Nous sommes une famille de 4 personnes, ses parents et sa soeur qui a 14 ans. Son attente est de pouvoir découvrir son sexe, la masturbation. Je crois qu'il souffre énormément de ce manque depuis quelques années déjà. Il en parle avec son auxiliaire de vie scolaire depuis quelques années, comme nous avons une très bonne relation, cet AVS me fait part de ces conversations, des envies, des doutes et craintes de mon fils. »

Demande formulée par une autre maman (pour son fils de 25 ans) :

« Je suis la maman car mon fils ne peut se projeter sur ce désir qui le rend agressif et malheureux. Il vit chez son père et chez moi, en alternance. L'un et l'autre vivons seuls, possibilité de recevoir. Mon garçon a simplement un grand désir de caresses. Je suis maman et jamais touché mon fils. »

Demande formulée par une maman ( pour son fils de 29 ans) :

« Bonjour, Je vous écrit pour mon fils, âgé de 29 ans. Il vit en institution spécialisé "MAS" nous pouvons recevoir à notre domicile familial, il est très dépendant d'une tierce personne. Qu'il apprenne à se masturber. »

Demande formulée par un frère (pour son aîné de 56 ans) :

« Je vous contacte pour mon frère dont je m'occupe. Il vit seul dans son domicile et peut recevoir, je sais que mon frère a un grand besoin vu que régulièrement il demande aux femmes si elles veulent coucher avec lui, mais vu son état, rien à faire et votre service serait certainement l'idéal. Étant son tuteur je m'occupe de ses besoins. »

Demande formulée par une sœur (pour son frère de 52 ans) :

« Je suis la sœur et je recherche pour lui, car il ne peut le faire, une assistante sexuelle, il a eu un AVC, il y a de cela 5 ans et, depuis, il est en institut, EHPAD (maison de retraite), et son comportement ne va plus car il a besoin de rapport sensuel avec une femme, il ne peut pas se déplacer, il est le plus souvent couché et n'a pas beaucoup de visite à part sa mère et sa famille. On nous a dit qu'il était possible qu'il reçoive de la visite dans sa chambre, mais nous ne savons pas à qui nous adresser et ce qu'il faut faire, son moral et son comportement nous montrent qu'il est en souffrance de ce côté. Pouvez-vous m'aider à faire quelque chose pour lui ? D'avance, je vous en remercie. Je pense qu'il a besoin de contact physique, de caresses, de toucher une femme et surtout d'échanger un dialogue autre qu'avec sa famille. »

Demande formulée par un papa (son fils de 27 ans) :

« Je suis le papa, il est domicilié dans une maison d'accueil spécialisée (MAS). Il peut recevoir car c'est sa chambre. Il m'est difficile de répondre à la place de mon fils, mais je pense (je suis son père) que sa frustration est très grande, et que vous dire... je ne sais pas ce qui lui procure une sensation de bien-être et aussi sentir qu'il existe... Merci de votre existence, et bravo... »

Demande formulée par un papa de 68 ans (pour son fils de 28 ans) :

« Mon fils de 28 ans est atteint de la maladie de Steinert. Beau garçon élancé et très mince. Autonome, mais lent et difficultés d'élocution, mais très bon vocabulaire. Sait lire, écrire ; quasiment pas d'amis bien que très sociable, marche mais fatigable. Peut recevoir chez moi. Actuellement au service d'accueil de jour. Il vit le plus souvent chez sa mère. A déjà eu une expérience avec une pro, mais très cher !! Une nouvelle expérience, mais doit se sentir en confiance. »

(La maladie de Steinert ou dystrophie myotonique est un déficit musculaire, des troubles du rythme et/ou de conduction cardiaque, une cataracte, une atteinte endocrinienne, des troubles du sommeil, une calvitie.)

Demande formulée par une proche sans précision (jeune homme concerné a 25 ans) :

« Je suis Carla, et j’écris pour Michel car il ne sait ni lire ni écrire. Il vit à la maison, fait de nombreuses activités mais n'est pas autonome. Je n'ai pas de nom à porter sur son handicap si ce n'est une forme d'autisme, et Michel est aussi épileptique avec un traitement. Nous pouvons recevoir. Michel est en demande sans savoir vraiment ce que c'est. Il désire avoir une relation avec une fille. Quelle relation ? Je ne sais pas, mais il veut échanger caresses et plaisir avec l'autre, en tout cas, c'est ce que je comprends. »