Violence handicap

Un numéro d'écoute pour les femmes handicapées victimes de violences conjugales

Image tirée de la campagne "libérez la parole" de www.stop-violence-femmes.gouv
Image tirée de la campagne "libérez la parole" de www.stop-violence-femmes.gouv
L'association "Femmes pour le dire, Femmes pour agir" (FDFA) a lancé son numéro d'écoute il y a 6 mois. De nombreuses femmes ont appelé pour raconter leurs expériences sous couvert d'anonymat. Sorties de leur mutisme, certaines sont parvenues à refaire surface. Mais pour d'autres, la vie reste toujours compliquée.

Certaines violences sont difficiles à imaginer. Les femmes qui appellent sont souvent traumatisées par leur conjoint, mais ressentent le besoin de parler.
Pour Maudy Piot, Présidente de l'association FDFA, l'anonymat aide ces femmes les rassure et leur permet de tout raconter.

"Quand on est aveugle, on se cogne"

Maudy Piot témoigne : "Un jour une femme aveugle nous appelle. Elle raconte qu'elle reçoit une quinzaine de gifles par jour des mains de son conjoint. Tout a dérapé lorsqu'elle a fait tomber un verre de vin sur une nappe qu'il lui avait offerte. Depuis, c'est la terreur lorsqu'elle rentre chez elle. Pour son mari, c'est devenu un jeu : Tant qu'elle ne l'a pas trouvé dans l'appartement, elle reçoit de violentes gifles en pleine figure. Quand on lui demande pourquoi elle ne quitte pas son conjoint, elle répond qu'elle l'aime. Elle est sous l'emprise de cet homme."

Et lorsque ses collègues de travail lui demandent pourquoi elle a des marques sur le visage, la femme s'explique par son handicap : "Quand on est aveugle, on se cogne."


"Tu es mon sexe"

Mais Maudy Piot ne s'arrête pas là et donne un second exemple de violence : "Il s'agit d'une femme de 45 ans, en fauteuil roulant. Si elle refuse d'avoir un rapport sexuel, le conjoint l'attrape par les cheveux, remplit le lavabo d'eau et lui met la tête dedans jusqu'à ce qu'elle suffoque. Elle est tellement dans l'angoisse et la panique de mourir qu'elle fini par accepter la relation sexuelle."

"Il y a également d'autres exemples : Une femme qui n'a ni bras ni jambes raconte que son mari joue avec elle et la fait rouler parterre. Il lui répétait constamment "tu es mon sexe". Plus j'écoute ces femmes, plus je me rend compte que le handicap suscite parfois chez l'autre une envie de destruction. Est-ce que l'autre qui a la maîtrise ne veut pas se venger de l'image destructrice que suppose le handicap ?".


Dans la rue pendant 1 an et demi

Quand Loredana Fabbian prend la parole, son constat n'est guère plus positif : "Une parisienne nous appelle pour dire qu'elle a subi des violences conjugales pendant 23 ans. Elle quitte son domicile après avoir porté plainte. N'ayant aucun endroit où vivre, elle devient SDF et vit dans la rue pendant 1 an et demi. Aujourd'hui, elle a enfin trouvé un petit appartement et est venue à l'association lors d'un atelier. Un juriste de l'association l'a aidée pour régler ses problèmes juridiques. Elle a trouvé une famille chez nous."


L'association permet à ses femmes de sortir de leur mutisme et fait le pari de les aider à accéder à une vie meilleure. D'après les chiffres de l'association FDFA, 80% des
femmes handicapées seraient victimes de violences conjugales.




Pour contacter le numéro d'écoute-violences de l'association FDFA: 01 40 47 06 06