Paralympiques

Paralympiques : Damien Seguin, voile

Quand on est né sans main gauche, la carrière de marin n'est pas forcément celle qui s'offre le plus facilement à vous. Mais parfois les rêves s'accomplissent à force de ténacité. Damien Seguin à rêvé de voguer vers le grand large, il y est parvenu et plutôt bien.

U n jour de 1990, Damien Seguin, qui n'a que 11 ans, assiste à l'arrivée de la Route du Rhum, la grance course au large en solitaire dont l'arrivée est à Pointe-à-Pitre. En regardant Florence Arthaud devenir la première femme à remporter la course, iDAmien Seguin sait qu'il doit répondre à l'appel de la mer. Peu importe son handicap, lié à une agénésie congénitale, il veut devenir marin. 22 ans plus tard, c'est en champion du monde paralympique, mais aussi en compagnie des valides, qu'il parcourt les mers. Damien Seguin a tout remporté, à force de talent, de travail mais aussi de ténacité. Alors qu'il a appris tous les rudiments de la navigation durant sa scolarité, il devient champion paralympique à Athènes en 2004 en 2,4mR, un petit voilier de 4m20.

Il se bat pour lui-même, il se bat pour les autres

En parallèle, Damien Seguin crée une association, « Des pieds et des mains », afin de « développer l'accès des handicapés aux sports nautiques en mettant à leur disposition des voiliers adaptés et tout ceci au sein de clubs déjà existants ». Sportif paralympique mais aussi ambassadeur de la cause, voilà ce que va devenir le quotidien de Damien Seguin. Mais cela ne lui suffit pas. Le Guérandais d'adoption a le goût du pari. S'il ne compte pas abandonner les régates paralympiques, il veut tenter sa chance dans les courses au large. Pour cela, il faut procéder par étapes. La première sera de tenter de s'inscrire à la Solitaire du Figaro en 2005 ; une course annuelle en solitaire et par étapes, qui se déroule entre les côtes britanniques, françaises et espagnoles le plus souvent, où tout le monde a le même bateau, et dans laquelle bon nombre de futurs très grands marins ont fait leurs armes. La direction lui refuse le départ à cause de son handicap. Qu'importe ! L'année suivante, il récidive et cette fois-ci, il a l'autorisation de se lancer en pleine mer. « Le handicap peut être largement diminué grâce à quelques bidouillages d'aménagement du bateau, explique-t-il, mais aussi grâce à l'intelligence de navigation ». Cette grande première ne lui suffit pas encore.

« A Londres ou autour du monde, je suis un acharné »

Tout en accumulant les titres chez les handisport (il a décroché un quatrième titre mondial en 2,4mR en janvier dernier), Damien Seguin veut cette fois traverser l'Atlantique. C'est à l'occasion de la Solidaire du Chocolat, en 2009, une course en duo sur des class 40 (bateaux de 12 mètres) qui relie Saint-Nazaire à Progresso au Mexique, qu'il réalise son rêve en prenant la 4e place du classement. Mais une nouvelle fois, il n'est pas rassasié. « Je suis un compétiteur acharné ». Et un rêveur un peu fou ? Voilà qu'il veut courir la Route du Rhum 2010. En solitaire. Rêveur sûrement, fou en aucune manière. Car vingt ans après, le petit garçon spectateur, s'est transformé en marin aguerri, qui prendra la dixième place de la traversée la plus médiatique qui soit dans la catégorie des class 40. Chapeau ! Pour cette année 2012, Damien Seguin se consacre à la régate. Il s'agit pour lui de reconquérir son titre paralympique, perdu en 2008 à Pékin où il termina deuxième. Il est le favori, il le sait et l'assume. « Je n'aime pas la défaite et j'ai une revanche à prendre ». Après Londres, qui sait où il voguera de nouveau. Mais on peut supposer qu'il voudra réaliser un nouveau rêve au large. Autour du monde ?

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