Paralympiques

Paralympiques : Charles Rozoy, natation

Nageur de très bon niveau chez les valides, Charles Rozoy est victime d'un accident de moto en 2008 qui lui paralyse partiellement le bras gauche. Quatre ans plus tard, le Dijonnais parvient à faire ce qu'il avait toujours voulu faire : être prof de sport et nageur. Les Jeux de Londres pourrait lui apporter l'ultime satisfaction...

A lexandre Popov. Quadruple champion olympique en 1992 et 1996, sur 50m et 100m nage libre. Pour Charles Rozoy, l'ancien nageur russe est un modèle. Modèle sportif, au vu de son palmarès, mais aussi modèle humain, car après avoir été poignardé dans la rue à la fin de l'été 1996, le spécialiste du sprint est parvenu à revenir au plus haut niveau et à arracher une dernière médaille d’argent aux JO de 2000. Si son histoire est différente de celle du nageur de l'Est, le Dijonnais y a puisé la motivation de ne jamais abandonner et de toujours rester accroché à ses objectifs. « Les conséquences de mon accident ont été dures à vivre, avoue Charles Rozoy, on fait son deuil rapidement ou pas. Puis j'ai décidé qu'il fallait avancer. Alors, le meilleur moyen c'était de rester moi-même, avec les objectifs que je m'étais fixés avant mon accident. » A savoir : continuer les études et la natation.

35 heures d'entraînement par semaine !

Quatre ans après son accident, il décroche un Master en sciences du sport, deux titres de champion d'Europe et une médaille de bronze mondiale sur 100m papillon qui sont autour de son cou. Avec son entraîneur de toujours, Sylvain Fréville, c'est un plan sur trois ans, depuis 2009, qui a été mis en place : objectif Jeux paralympiques, objectif podium. Alors Charles Rozoy s'implique totalement dans l'histoire. Il s'entraîne comme « un fou »,  jusqu'à 35 heures par semaine cette année, où il est détaché à temps plein par son employeur. Mais en plus de la performance sportive retrouvée grâce à l'handisport, c'est une ambiance différente, aussi, que le Bourguignon a connue. « Lors de mes premiers championnats de France, il y a trois ans, j'ai eu un choc. Voir tout ces amputés, ces gens en fauteuil, moi qui n'avait pas encore accepté mon statut d'handicapé, ça m'a fait tout drôle. Mais très rapidement, j'ai trouvé tout le monde très accueillant, tout le monde se parlait. Cela m'a rappelé mes débuts en natation chez les jeunes ». C'était parti.

« Il ne s'agit pas d'être un exemple, dit-il modestement, mais juste de partager les choses naturellement »

Alors qu'il était plutôt "friable" lors de sa carrière chez les valides, Charles Rozoy se forge un mental dans les eaux handisport. Dorénavant, rien ne pourra plus l'arrêter dans sa quête. Les résultats arrivent vite, le bien-être est au rendez-vous. Cette confiance en lui qu'il a gagnée, il a aussi envie de la faire partager. Alors, il n'hésite pas à parler de son expérience ; comment il a su rebondir. Parfois, des parents viennent le voir pour lui dire que leur enfant a repris le sport grâce à lui. « Il ne s'agit pas d'être un exemple, dit-il modestement, mais juste de partager les choses naturellement. Et si cela peut aider, tant mieux ». A Londres, il s'agira aussi de rester naturel. De faire « ce que je sais faire » et tout se passera bien. Et dans un coin de la tête, garder l'exemple d'Alexandre Popov, modèle d'élégance, de style, de motivation. Etre soi-même, sans perdre de vue ses objectifs. C'est déjà réussi pour Charles Rozoy. Mais en Grande-Bretagne, cela pourrait prendre une autre dimension.

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