Infanticide

Procès Méline : la détresse des aidants familiaux

Le procès s'est déroulé au Palais de justice de Rennes (CC Yann Loreau)
Le procès s'est déroulé au Palais de justice de Rennes (CC Yann Loreau)
Le procès de Laurence Naït Kaoudjt se déroulait aux Assises de Rennes lundi et mardi. Cette mère comparaissait pour l'assassinat en 2010 de sa fille handicapée. Elle a été condamnée à de la prison avec sursis. Ce fait-divers vient relancer le débat autour des accompagnants.

Laurence Naït Kaoudjt, 49 ans, était jugée en début de semaine aux Assises de Renne pour le meurtre en 2010 de sa fille handicapée, Méline.


Cette tragédie vient relancer le débat autour de la détresse des aidants et des accompagnants. La présidente de l'UNAPEI, l'Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales, Christel Prado réagissait auprès de nos confrères de l'Express : " À partir du moment où on met au monde un enfant en situation de handicap, la société nous exclut."


À l'origine du drame il y aurait donc l'isolement. Assumer seul la prise en charge d'un enfant en situation de handicap se rapproche souvent du mythe de Sisyphe. "Comment ne pas être épuisée au bout de huit ans à s'occuper seule de son enfant ? fustige Cristel Prado. On ne peut pas se le représenter tant qu'on ne le vit pas. C'est l'enfer sur terre."


La présidente de l'UNAPEI regrette "l'abandon social" dont font l'objet ces parents. Peu de relais existent en dehors des associations, "c'est le procès de la société française par rapport au handicap qu'il faudrait faire" dénonce à ce titre Christel Prado.


"Une situation invivable"


Pour Michèle Guimelchain-Bonnet, psychologue spécialiste des aidants et consultante pour Vivre FM, l'isolement n'explique pas forcément tout. Un tel acte peut naître de l'incapacité à supporter plus longtemps une "situation invivable, à la fois sur le plan matériel et aussi sur le plan psychologique."



C'est peut être ce qui s'est passé pour Laurence Naït Kaoudjt. Mère célibataire, elle avait quitté Paris avec sa fille pour s'installer à Saint-Malo. Mais les problèmes se sont succédé. D'abord le retard dans les travaux de leur nouvelle maison, puis les ennuis financiers.


S'ajoute à ça un accident au début de l'été 2010, une chute qui conduit la petite Méline à l'hôpital. Elle devait être opérée de la colonne vertébrale. Face à la pression et à l'accumulation des contraintes, la mère avait donc décidé de mettre fin à ses jours et à ceux de sa fille.


Dans ce genre d'affaire la justice se montre plutôt clémente. Malgré les circonstances aggravantes, la prison à perpétuité est rarement prononcée. Laurence Naït Kaoudjt a été condamnée à cinq ans de prison avec sursis.  Pour rappel, selon l'Institut de Victimologie, une à deux affaires de ce genre émaillent l'actualité tous les ans