Edito

Edito : La fin des CLIS, et si c'était une vraie révolution ?

Najat Vallaud-Belkacem en a fait un point fort de la rentrée : les « Classes d’Intégration Scolaire » vont disparaître pour être transformées en "Unités locales d’inclusion scolaire ». Et après ? CLIS, ULIS, un simple changement de lettre, mais qui porte pourtant une grande ambition : en finir avec les classes ghettos. Une révolution ?

Les CLIS ont hérité d’une tradition qui veut qu’on mette de coté les élèves handicapés. Et cette mauvaise habitude vient de loin : en 1909, le Ministère de l’Instruction Publique crée les classes dites de « perfectionnement »  pour les enfants qu’on appelle à l’époque « débiles ». Devenues CLIS en 2005, elles sont trop longtemps restées des lieux à l’écart de l’institution scolaire. On a même vu ces classes installées dans un préfabriqué au fond de la cour de l’école. Stigmatisation, dévalorisation, le lourd héritage des « classes spéciales » doit donc disparaître pour une vraie inclusion des enfants handicapés, avec les autres, dans l’école. C’est l’objectif de cette circulaire du Ministère. L’unité localisée doit être un soutien permettant la scolarisation des élèves avec les autres. Priorité à la classe ordinaire : l’enfant est au CP, en CE1 ou en CM2 chaque fois que c'est possible, avec les autres et il reçoit un soutien et un accompagnement par le professeur spécialisé de l’ULIS.

Passer des Clis-rebut aux Ulis-ressource

Mais cette évolution pourrait bien profiter aussi à l’ensemble des élèves. En sortant les enfants handicapés de ces classes spéciales et en les répartissant dans les classes ordinaires, les ULIS favorisent le travail en équipe des enseignants : fini le cours chacun dans son coin. Les portes des classes s’ouvrent et on dialogue. Pour les enseignants (réputés –parfois à tort- peu doués pour le travail d’équipe) les ULIS constituent une vraie opportunité pour le dialogue et l’échange.

Mais allons plus loin encore : les enseignants des ULIS sont des professeurs spécialisés ayant reçu une formation pour enseigner à des élèves à besoins particuliers. Ils savent, mieux que tous les autres, que chaque enfant est singulier et qu’il faut à chaque fois s’adapter. Ainsi, ils ont été souvent les premiers dans les écoles à utiliser les outils numériques pour les besoins des élèves handicapés. Experts de la pédagogie ils peuvent être une formidable ressource pour tous les enseignants confrontés à une difficulté pédagogique dans leur classe. En passant de la logique des Clis/rebut aux Ulis/ressource, on peut imaginer que ces unités d’inclusion deviennent de véritables lieux d’expertise. L’Ulis des enfants handicapés étant alors le lieu de l’excellence pédagogique.

La formation, c’est maintenant ?

Mais ne rêvons pas trop et revenons à la réalité : pour réussir ce pari, madame la Ministre, il faudrait que les enseignants spécialisés soient effectivement en poste sur ces classes (ce qui n'est pas le cas) et qu’ils soient assez nombreux à postuler (on manque de candidats)  mais aussi et surtout, qu’ils aient reçu des formations à la hauteur de cette ambition (formation à tous les niveaux : initiale, spécialisée et continue). Le sujet est sur la table depuis longtemps. Maintenant, il faut y aller !