Paralympiques

Un athlète handicapé parcourt 3500 km pour participer aux Jeux de Londres

Milé Stojkoski, le sportif handicapé macédonien, sur la route de Londres
Milé Stojkoski, le sportif handicapé macédonien, sur la route de Londres
Parce qu'il n'a pas eu son visa pour l'Angleterre, Milé Stojkoski, un athlète handicapé macédonien connu pour ses ultra marathons en fauteuil roulant, va achever un périple européen de 3 500 km, à Coquelles dans le Pas-de-Calais.

L a scène a de quoi intriguer. Un homme, en fauteuil roulant, vêtu d'un survêtement rouge et blanc, roule sans cesse sur la voie piétonne. Une fois arrivé au bout de la voie, il fait demi-tour. Et ainsi de suite. Et ce pendant, quarante-cinq minutes, toutes les heures, sept jours sur sept. Même la nuit.


Car Milé Stojkoski est plutôt hors normes. Cet athlète macédonien de 47 ans ne parle pas français et très difficilement l'anglais. Pourtant, avec son accompagnateur, il a parcouru plus de 3 500 kilomètres avant de se retrouver, depuis une semaine, à Coquelles.

Rien n’est une fatalité

Handicapé, il est paraplégique depuis qu'un accident de scooter l'a privé de l'usage de ses jambes, en 1996. Il est connu pour les ultramarathons (périples de centaines, voire de milliers de kilomètres), qu'il parcourt en fauteuil roulant, pour défendre la cause des personnes à mobilité réduite. Et prouver que le handicap n'est pas une fatalité.


Le 15 mars dernier, il a entamé son dixième périple à travers l'Europe. Objectif : être à Londres pour le début des Jeux olympiques. Seulement voilà, faute de visa, son voyage s'est arrêté dans le nord de la France. « Cela fait plus d'un an qu'il a fait les demandes  », précise Jordan Brokof, un habitant du Pas-de-Calais d'origine macédonienne qui, il y a deux semaines, l'a hébergé chez lui. « Mais l'Angleterre a fait traîner les choses, et maintenant il est là et il ne peut pas traverser la Manche », ajoute-t-il.

Une coïncidence utile

Bloqué, Milé Stojkosky se replie sur Coquelles, où il frappe à la mairie. Une visite impromptue qui s'est révélée être une heureuse surprise pour Michel Hamy, le maire. « Sa démarche m'a beaucoup touché. Il fait des étapes dans son marathon en Europe pour récolter des fonds pour Vénéra, son association en Macédoine. » Michel Hamy est le premier à penser à la Cité Europe. « C'était le meilleur endroit pour sensibiliser les gens ajoute-t-il. Il y a du monde et, avec le bouche à oreille, la nouvelle va se répandre très vite ».


« La démarche de Milé Stojkoski est admirable, souligne Jérémy Desprets, le directeur du centre commercial. Il est venu en me disant qu'il n'avait pas besoin d'argent, mais de place pour rouler ». Jérémy Desprets met alors à sa disposition la voie piétonne du parking, ainsi qu'un local avec douche, sanitaires et canapé et aménage les services de sécurité du centre commerciel. « Nous avons dû agir dans l'urgence, remarque-t-il. Maintenant nous travaillons sur la signalétique. Mais ce n'est pas simple quand la moitié des effectifs est en vacances ».

L’APF relativise et redonne son soutient

À l'Association des paralysés de France (APF) du Pas-de-Calais, on rappelle que des performances comme celle de Milé Stojkoski arrivent assez régulièrement. « Pas mal de personnes handicapées font des tours de France ou parcourent de longues distances, précise le président Joseph Vallentin Dulac. En général, les sportifs préviennent l'APF lors de leur passage et elle regarde comment elle peut les accompagner. «  Je ne connaissais pas Milé Stojkoski, ni ne savais qu'il était dans la région. Nous allons entrer en contact avec lui et voir comment nous pouvons l'aider, voir si l'on ne peut pas faire quelque chose pour son visa ».


Pour le moment, seules quelques affichettes préviennent les clients de la présence de Milé Stojkoski. Il devrait continuer à rouler sur le parking de Cité Europe jusqu'au 29 août, date de l'ouverture des Jeux paralympiques. 

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