Champion
Entretien avec Timothée Adolphe, champion handisport français.
Vivre FM : Comment vous vous sentez à une semaine de la compétition ?
Timothée Adolphe : Je me sens plutôt bien, on a fait quelques sorties ces derniers temps, c'était plutôt positif. Ma première sortie, c'était au meeting international de Montgeron. On a fait deux records d'Europe qui ne pouvaient pas être homologuées étant donné ce n'est pas une compétition labellisé IPC (Comité International Paralympique) , mais j'ai battu les records d'Europe sur 100m et 200m. Donc il n'y a plus qu'à les refaire dans une semaine aux championnats de France.
VFM : Quel est votre objectif sur cette compétition ?
T.A : Réitérer ces performances là sur 100m et 200m. Evidemment, on vise le titre surtout que nous l'avons déjà sur 200 mètres , donc il faudra le défendre, et sur 400m, l'objectif reste le même. Je serai aligné sur les trois distances, ainsi que sur le relais équipe de France 4x100.
Vous dites conserver "notre titre", vous évoquez votre guide ?
Oui, oui comme je suis non-voyant, je cours avec un guide. Je cours d'ailleurs avec un guide différent sur chaque course parce que chacun à sa spécialité, ses forces et ses faiblesses aussi. Du coup, c'est vrai que l'on a mis cette stratégie en place. C'est difficile d'avoir plusieurs guides, mais on a réussi à le mettre en place et on en est assez fier.
Du coup, votre discipline devient collective ?
Tout à fait c'est un travail d'équipe parce que je m'entraîne au quotidien avec les guides. On gagne ensemble, on perd ensemble, on fait des faux départs ensemble, ce qui nous est d'ailleurs arrivé en finale du 100m aux championnats d'Europe à Swansea en 2014. On a vraiment ces notions de partage et de collectif.
Vous serez donc aligné sur 100, 200 et 400 mètres et on vous souhaite de gagner les trois. Mais si vous deviez en choisir ou en gagner une, ce serait laquelle ?
C'est difficile ! (Rires) Je dirais le 400 mètres parce que mon profil correspond plus à cette distance. C'est vraiment la discipline qui représente le mieux l'athlétisme : aller au-delà de ses limites, c'est la course où on est vraiment dans le dur à la fin. Après, je suis un athlète qui n'appréciait pas spécialement le 100m. Et ayant eu de bonnes sensations sur cette distance ces derniers temps, je commence à l'affectionner. A voir ce qui se passera, mais ce sont 3 distances complètement différentes : le 400m permet de repousser les limites, le 200m est un peu plus technique avec le virage où il faut une petite dose de résistance et le 100m, c'est la réactivité et la puissance. Chaque course nécessite des qualités et j'aime bien être polyvalent. Donc on va viser les 3, mais c'est quelque chose de compliqué de briguer 3 titres en 2 jours, d'être performant sur les 3 courses. On va essayer d'être le plus efficace possible.
Sur quoi vous aller miser pour remporter ces courses ? Votre qualité et votre défaut ?
Je suis quelqu'un de persévérant et de tenace, il me faut ça pendant mes entraînements étant donné que mon entraînement est surtout axé sur le 400. C'est un entraînement difficile au quotidien à encaisser, j'ai un organisme qui me permet de le faire, donc j'en suis heureux. Mon défaut, ça serait lors d'une blessure, alors que ça fait partie de la vie du sportif de haut niveau et que ça peut permettre de franchir des paliers, je le vis très mal. C'est comme si mon corps me trahissait.C'est quelque chose de difficile à vivre , on doit interrompre la pratique et ça nous manque.
Vous vous entraînez au stade Charléty, vous allez donc courir "à domicile". C'est un avantage ou un inconvénient ?
Clairement un avantage. Mes proches seront là pour m'encourager et puis je connais la piste par cœu. Je côtoie ces infrastructures au quotidien, donc c'est un atout pour moi et c'est un grand plaisir de courir à Charléty, le stade de mon club, le Paris Université Club (PUC). C'est que du bonheur !
Les jeux de Rio, vous y pensez déjà ?
On y pense automatiquement parce que des jeux, ça se prépare longtemps à l'avance, ça n'est pas juste quelques mois avant. Maintenant, y a une échéance à ne pas louper avec les jeux de Rio, ce sont les championnats du monde à Doha en octobre 2015. Du coup, on est essentiellement concentré sur cette échéance parce que c'est une étape incontournable pour pouvoir accéder aux jeux. Moi, je suis plus dans un état d'esprit où je prend chaque chose en son temps. Mais ce serait mentir de dire que je ne pense pas à Rio : c'est aussi pour ça qu'on travaille. Une programmation sur les jeux, ça se fait sur 3-4 ans, donc on est déjà dedans en terme d'entraînement.
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