Envers du décor

Sotchi : Tintin au pays de Poutine !

Le village "Ma Russie" à Rosa Kutor présente les architectures traditionnelles de la Russie, mais les boutiques sont vides
Le village "Ma Russie" à Rosa Kutor présente les architectures traditionnelles de la Russie, mais les boutiques sont vides
Avec son décor de Russie idéale, les villes nouvelles crées de toutes pièces pour les jeux pourraient être une remake de l'album légendaire d'Hergé.

Tout le monde connaît cet album d’Hergé : "Tintin au pays des soviets". C’est une des toutes premières BD du célèbre reporter. Une grande partie de cette histoire repose sur le fait que les affreux communistes ne montrent pas la vérité au gentil tintin. Fausses usines, fausses cheminée avec de la fausse fumée. La propagande soviétique ne montre rien du désastre économique en cours. Il y a un peu de tintin au pays des soviets à Sotchi. Ici tout est beau neuf, tout semble parfait.

La station de Rosa Kutor par exemple, c’est une sorte de disneyland russe. Village vacances centre commercial, sorti de nulle part au milieu du Caucase. Mais dès qu’on passe derrière le décor on entrevoit les coulisses moins brillantes de ce paradis artificiel. Par endroit, on a caché la misère à la va vite derrière des banderoles Sotchi 2014, des images de cocotier –ça c’est la riviera en bas- et des snowboarders –pour le "fun" dans la montagne. Ces banderoles cachent les jardins déglingués, les maisons de guingois, et pour tout dire un peu sale… Mais aujourd’hui un mois après de début des Jeux olympiques, les banderoles comencent à fatiguer à se déchirer et on voit la misère poindre dessous.

Et puis il y a une chose que "Tintin au pays des soviets" n’avait pas vu : c’est la neige. La neige qui a longtemps camoufler les arbres arrachés par le défricehement sauvage, les sols déglindés. Aujourdhui la neige fond à toute vitesse et dévoile un décor de boue et de matériaux abandonnés.

Batiments à l'abandon au bord de la mer entre Sotchi et le Parc Olympique

 

 

Les journalistes, les sportifs, les supporters venus du monde entiers et qui iront de l’aéroport aux pistes de compétitions, tous ces étrangers ne verront rien de cet envers du décor ou pas grand chose. Ils prendront la train ultra moderne qui monte de la mer à la montagne. On leur dira en anglais et en russe "attention les portes vont se fermer". "lembarquemet est terminé" "nous arrivons en gare de Sotchi"….. Elle veut tellement bien faire cette voix qu’elle parle presque sans arrêt. A la gare de Sotchi, justement,  les touristes étrangers en descendant de ce train ultra moderne en verront peut être pas à l'autre bout de la gare les trains qui partent dans l’autre sens vers la Russie profonde. Wagon vert foncés, trains ancestraux et leurs passagers aux costumes élimés.

Il y a bien ici un univers reconstitué, une russie de légende, chère à Vladimir Poutine, une Russie des élises orthodoxes, -il y en a de toutes neuves ici- une russie des isba en bois, des toitures à bulbe, une russie de carton pate mais qui peine à masque la misère.

Oui, ce décor de carton pate d'une Russie idéalisée façon Poutine ressemble aux images des années 30 de Tintin.