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Vers des fauteuils roulants « intelligents »

Un fauteuil qui s'actionne par la voix : le fauteuil du futur
Un fauteuil qui s'actionne par la voix : le fauteuil du futur
Un groupe de chercheurs franco-britannique travaille depuis plus de deux ans sur différents modules à intégrer aux fauteuils roulants électriques. But : répondre de façon plus adaptée aux besoins des personnes handicapées. Une démarche dont n’est bien sûr pas exclue -au contraire- la dimension financière.

Réconcilier handicap et autonomie. C’est l’objectif du projet Syssias (Système intelligent et autonome d’aide aux soins de santé), qui regroupe un certain nombre de chercheurs français et britanniques. Ces scientifiques, dont des ingénieurs de l’ISEN (l’Institut supérieur de l’Electronique et du numérique) de Lille, travaillent depuis 2010 - en collaboration avec des médecins et des travailleurs sociaux - à la mise au point de différents modules à ajouter aux fauteuils roulants électriques afin, bien sûr, d’en améliorer l’usage pour les personnes handicapées. Pour les rendre plus intelligents, en somme.
 

« Aide à la conduite » et « interface homme-machine », les chercheurs travaillent essentiellement sur deux axes au cours de ce projet. Le premier vise à aider les personnes handicapées à éviter les différents obstacles - une chaise, d’autres personnes devant ou derrière elles - auxquels elles ont souvent à faire face. Le tout en prenant en compte divers degrés de handicap. Par exemple, pour une personne étant relativement autonome, « le module le plus simple permet de repérer les obstacles, de les signaler à la personne et, si besoin, d’arrêter le fauteuil avant toute éventuelle collision », explique Annemarie Kokosy, qui coordonne le projet. Il s’agit du dispositif « manuel » que sont en train de concevoir les chercheurs. Mais dans l’idéal, l’équipe souhaiterait que soient mis sur le marché trois modules. L’un « manuel », donc, un autre « semi-automatique » et puis un dernier « automatique » pour les personnes n’ayant pas suffisamment d’autonomie. L’idée étant réellement de s’adapter à l’évolution du handicap.

Actionner le fauteuil avec son visage


L’autre axe de travail tient plus à la manière dont la personne s’approprie le fauteuil roulant. «  Pour l’utilisateur qui n’est pas capable de conduire le fauteuil en utilisant le joystick, on propose d’autres types d’interface homme-machine, comme par exemple un mécanisme qui permet de conduire le fauteuil grâce aux mouvements de la tête », précise Annemarie Kokosy. Sont également prévus des dispositifs permettant de faire bouger le fauteuil grâce aux mouvements des muscles faciaux ou encore celui des yeux.


L’idée ? Encore et toujours, s’adapter le plus possible à la situation de l’usager. « On s’est rendu compte que les personnes ne souhaitent pas être aidées plus de ce qu’elles ont besoin, sourit la coordinatrice du projet Syssias, elles veulent montrer qu’elles sont encore capables. Il faut vraiment tenir compte de ce qu’elles souhaitent avoir et les aider exactement comme elles le souhaitent. Pas plus. »

Enfin, en présentant ainsi des fauteuils pratiquement « cousus sur mesure », les scientifiques ont également cherché à prendre en compte le côté financier. « Quand on a pensé à concevoir ces modules, on a également pensé au coût de la technologie (…). Et c’est pour ça qu’on a divisé les choses dans des modules différents qui aideront plus ou moins la personne et qui coûteront plus ou moins cher. »

Une mise sur le marché dans quelques années
 

Pour l’heure, l’équipe du projet Syssiad a déjà testé le dispositif « manuel » de l’aide à la conduite – à savoir le mécanisme qui permet juste d’éviter la collision avec un obstacle, et non pas de le contourner, si l’usager n’est pas en mesure de le faire - et s’apprête à en essayer un autre, le mode « semi-automatique », en début d’année prochaine. Pour ce qui est du maniement du fauteuil, les chercheurs n’ont pour l’instant expérimenté que la conduite par le biais des mouvements de la tête.


Toutefois, si le projet avance, la mise sur le marché n’est pas pour tout de suite. En fait, probablement pas avant plusieurs années. « Je ne peux pas savoir quand est-ce qu’on aura ces produits sur le marché, explique Annemarie Kokosy, cela dépendra de la volonté des constructeurs d’électronique et de fauteuils de venir travailler avec nous. Heureusement, on a déjà des contacts, donc c’est plutôt prometteur. »