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Le handicap devient-il un business ?

Odile Maurin est atteinte de handicap, sa maladie lui impose l'utilisation d'un fauteuil roulant électrique. Le coût : 30 000 euros ; et elle ne cesse de le renvoyer en réparation pour cause de dysfonctionnement. Aujourd'hui, elle estime que son problème n'est pas unique et frappe trop souvent les personnes handicapées.

Les fauteuils roulants coûtent cher et aujourd’hui Odile Maurin, fondatrice de l’association Handi-social, souhaite que cesse le business autour du handicap. Le dernier fauteuil qu’elle a acheté coûtait 15 000 euros ; mais les "options" proposées, en fait totalement indispensables pour adapter le fauteil à son handicap, ont doublé le prix de base. Au final, elle a dû débourser 30 000 euros. Le problème : elle ne cesse de renvoyer le fauteuil au fournisseur pour cause de dysfonctionnement ; ses douleurs sont alors aggravées, puisqu'elle doit se débrouiller avec son ancien fauteuil qui n'est plus adapté à son handicap et dont le moteur est en fin de vie. Le prix des fauteuils roulants équivaut parfois à celui d’une voiture. Même principe que pour les voitures : un prix de base, puis des options à ajouter, qui coûtent souvent cher. Des fonctions essentielles qui deviennent des options payantes. Même si la Sécurité sociale prend en charge une partie du prix, les frais restent élevés pour la personne handicapée. Résolue à faire connaître son cas qu’elle estime emblématique de tout ce qui touche au handicap, Odile Maurin, souhaite aujourd'hui témoigner.

Pour Odile Maurin, la santé doit passer avant la rentabilité et le profit : "J'ai du mal à comprendre qu'un fauteuil roulant coûte le prix de plusieurs voitures ; on ne les paye pas aussi cher dans d'autres pays européens. On a confié à des prestataires privés des questions qui relèvent de la santé publique. La plupart des personnes, lorsqu'elles acquièrent des fauteuils roulants, passent par une visite médicale où on s'assure qu'ils ne vont écraser quelqu'un avec leurs fauteuils, on voit égélement pour les options (...) Mais après, personne ne vérifie si le fauteuil est bien réglé. C'est pour ça que l'on voit plein de gens, sur des fauteuils electriques, dont le corps est déformé parce qu'il n'y a pas les appuis, le bon positionnement... tout ce qu'il faudrait pour éviter que l'état de santé des personnes n'empire. C'est important d'avoir un fauteuil, mais s'il n'est pas adapté à la morphologie, si le positionement n'est pas fait correctement, l'état des utilisateurs ne s'améliore pas, voire le contraire. Il faut que cela deviennent un service public (je pense que cela permettrait de faire baisser les coûts), pour qu'on n'ait pas affaire à des gens qui veulent simplement vendre des choses, mais à des professionnels du secteur de la santé, du handicap."

Les pays scandinaves ont déjà fait le choix : créer plus de liens entre vente, maintenance technique et équipe d’ergothérapeutes, afin que les fauteuils soient le mieux adaptés aux besoins de la personne handicapée.