Assistance sexuelle

L'assistance sexuelle sort du placard

Après s'être battu pour le "mariage pour tous", le quotidien Libération se bat pour du "sexe pour tous".
Après s'être battu pour le "mariage pour tous", le quotidien Libération se bat pour du "sexe pour tous".
La sortie du film "The Sessions" sur l’assistance sexuelle ouvre un débat que le monde de la politique française préfère fuir.

Mercredi dernier, dans les salles obscures, est sorti le film "The Sessions". Le scénario nous guide à travers le parcours d’un homme atteint de polio à son plus jeune âge et obligé de vivre en quasi-permanence dans un poumon d’acier. Il souhaite avoir une relation sexuelle, la première de sa vie. L’histoire se déroule loin de notre pays, aux Etats-Unis. Car oui, en France, l’assistance sexuelle est interdite. D’ailleurs le gouvernement français ne s’est toujours pas emparé de ce sujet sensible. Même Marie-Arlette Carlotti, pourtant ministre déléguée en charge du Handicap, ne s’est toujours pas prononcée ; que ce soit sur le film ou sur ce sujet.

"L’assistance sexuelle s’identifie à une forme de prostitution"

Libération, vendredi 8 mars, consacre sa Une au film "The Sessions" . Sous le titre "Handicapés, du sexe pour tous", le quotidien fait le parallèle avec le débat en cours sur le mariage pour tous. En photo, les deux principaux protagonistes du film, allongés sous les draps. Le journal donne la parole à Valentine, 40 ans, "cliente d'un assistant sexuel", qui affirme "je me suis sentie femme pour la première fois". Mais tout le monde ne va pas dans le même sens que ce journal.

L’Office chrétien des personnes handicapées (OCPH) affiche une position inverse. Sur son site, Ombres et Lumière, l’OCH publie une critique du film et écrit : "l’assistance sexuelle, payée pour ses prestations physiques, s’identifie bien à une forme de prostitution. […] Pour être clair, on propose à la personne handicapée de se payer ce qu’elle n’a pas obtenu par l’attrait de sa personne. L’assistance sexuelle, loin de respecter la personne handicapée dans sa dignité, l’assigne à un statut de sous-homme, et lui propose des solutions au rabais – d’ailleurs l’attitude d’Helen dans le film est souvent infantilisante.". La légitimation morale de ce film est d’ailleurs jugée comme "désagréable".

Aujourd’hui, en France, des associations et des professionnels de santé se mobilisent pour que les mœurs évoluent comme dans d'autres pays : Etats-Unis, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Autriche, Suisse et Italie. Il ne s’agit pas de légaliser le proxénétisme mais plutôt de faire une simple exception à la loi pénale pour ce type de "service", comme le souligne les responsables de l’association CH(s)OSE qui se bat pour une vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, la ministre Marie-Arlette Carlotti ne s’est toujours pas prononcée. Et à l’époque de Nicolas Sarkozy, il était hors de question de favoriser l’assistance sexuelle.  Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé avait déclaré être "rigoureusement, formellement, totalement opposée" à la création d’un statut "d’assistant sexuel". Intérogée par le site Internet Salte, Agnès Marie-Egyptienne, secrétaire générale du Comité interministériel du handicap (CIH), s’est confiée au site Slate sur lequel elle déclare : "ce n’est pas du tout inscrit dans les priorités gouvernementales […] c’est un sujet délicat et difficile".